Accouchement : les souhaits des femmes ne sont pas toujours écoutés
Depuis la loi Kouchner du 4 mars 2002 relative aux droits des patients, les femmes et leur conjoint sont encouragés, en théorie, à exprimer leurs désirs et attentes sur l’accouchement. Le plan périnatalité 2005-2007 en faisait même une priorité en instaurant l’entretien prénatal précoce. Mais au chevet des parturientes, qu’est-ce qui a réellement changé ?
Le collectif interassociatif autour de la naissance (CIANE), qui vient de publier une enquête fondée sur 5 460 réponses en milieu hospitalier recueillies entre février et juin 2012, constate des progrès indéniables. Les femmes osent davantage exprimer des souhaits particuliers concernant le déroulement de leur accouchement : elles sont désormais 57,1 % à faire part de leurs demandes, contre 36,1 % avant 2005 et 18 % élaborent un projet de naissance, contre seulement 7 % avant le plan périnatalité.
Derrière ces chiffres, c’est la façon dont une femme vit son accouchement qui se joue. La très grande majorité (90 %) des parturientes qui ont vu leurs choix respectés estime qu’elles ont bien vécu la naissance de leur enfant. Pour celles qui se sont senties trahies, elles considèrent, pour 57 % d’entre elles, avoir souffert physiquement, et pour 70 %, psychologiquement. Le non-respect, lors de l’accouchement, de leurs demandes, est souvent synonyme pour elles d’un abandon de la part du personnel médical et de solitude. Elles sont 77 % à se dire délaissées et à regretter l’absence d’un professionnel lors de leur accouchement.
2 sur 5 sont insatisfaites
Si 63 % des femmes jugent que l’équipe médicale a fait de son mieux, 2 sur 5 se déclarent insatisfaites. « C’est beaucoup », commente le CIANE. « Il reste un certain nombre de comportements inacceptables qui doivent être bannis par les professionnels », poursuit le collectif.
Les principaux motifs de courroux portent sur le choix de la position pendant le travail et la possibilité de déambuler. « Je voulais au moins pouvoir bouger librement lors de cette naissance… Au lieu de ça, j’ai été déclenchée et attachée sur la table, le tout sans péridurale et des contractions dans les reins. J’ai vécu ça comme une torture », relate une femme.
Autre objet d’insatisfaction, la péridurale fait beaucoup couler l’encre de celles qui n’en voulaient pas. « L’anesthésiste a dit : on va encore bien rigoler ; vous m’appelez dans 10 minutes... Aucun soutien de l’équipe dans mon choix », dénonce une autre. « Aucune écoute, on vous prend pour une folle si vous refusez la péridurale », renchérit une dernière. Enfin l’épisiotomie, ressentie comme imposée, est souvent évoquée comme un « très mauvais souvenir ».
Un manque de dialogue
Au-delà de ces demandes non satisfaites, les femmes questionnées déplorent des conditions de travail difficiles, le manque de disponibilité des soignants débordés et un manque d’écoute, parfois vécu comme humiliation ou ridiculisation. Des formes de violence transparaissent aussi dans le témoignage de certaines, qui ont subi des gestes (péridurale, épisiotomie, rasage...) sans leur consentement.
Le CIANE préconise avant tout dialogue et discussion entre la femme et l’équipe. Encore 15 à 20 % d’entre elles - surtout primipares - n’osent pas exprimer de demandes au sujet de leur accouchement pendant leur grossesse. Un travers que l’entretien prénatal précoce devrait atténuer. Mais sa pratique demeure trop marginale, souligne le collectif interassociatif.
› COLINE GARRÉ
lequotidiendumedecin.fr 03/09/2012
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