Le Point.fr - Publié le 07/09/2012 à 16:30 - Modifié le 07/09/2012 à 19:14
3 000 personnes en moyenne mettent fin à leurs jours quotidiennement dans le monde
Toutes les trente secondes, un suicide vient bouleverser l'existence de familles, d'amis et de collègues de travail. Et pour un passage à l'acte réussi, il faut compter une vingtaine de tentatives, voire plus. Enfin, il faut savoir que le taux de suicide a augmenté de 60 % au cours des cinquante dernières années. Tous ces chiffres terrifiants montrent bien qu'il reste fort à faire, même si, chaque année, le 10 septembre, l'Organisation mondiale de la santé tente de mobiliser les États pour la prévention de ce type de drame. Lundi prochain encore, l'OMS et ses partenaires (notamment l'Association internationale pour la prévention du suicide) vont prôner un traitement et un suivi adéquats des personnes ayant commis une tentative de suicide et une couverture médiatique plus discrète des décès survenus dans ces circonstances particulières.
Dans son dernier communiqué, l'OMS souligne l'importance de sensibiliser davantage les dirigeants et les responsables de la santé au fait que le suicide est une cause évitable majeure de décès prématuré. "Au niveau local, les déclarations politiques et les résultats de la recherche doivent se traduire par des programmes et des activités de prévention dans la communauté", peut-on aussi y lire. Une recommandation qui prend tout son sens dans notre pays. Dans leur livre* Le suicide, un tabou français, Michel Debout (professeur de médecine légale et de droit de la santé et président fondateur de l'Union nationale pour la prévention du suicide) et Gérard Clavairoly (journaliste) s'insurgent contre les politiques nationales de prévention du suicide. Ou plutôt leur absence.
Plus de 11 000 suicides chaque année en France
"Le suicide tue en France trois fois plus que les accidents de la route", écrivent-ils. Plus de 11 000 morts chaque année, c'est en effet le triste record hexagonal, avec le taux de passages à l'acte réussis le plus élevé de l'Union européenne (et 120 000 tentatives). Si rien n'est fait, la situation n'a aucune chance d'aller en s'améliorant, puisque la question du suicide a pris de l'ampleur avec la survenue de la crise financière mondiale de 2008 et l'augmentation du chômage... Malheureusement, si l'on en croit ces auteurs, "la recherche dans le domaine reste rare et les données approximatives. La prévention est également quasi absente, alors même que les expériences menées à l'étranger montrent que le suicide peut être évité."
C'est pourquoi Michel Debout plaide, une fois encore, pour la création d'un observatoire des suicides, "qui aurait notamment pour mission de publier des études épidémiologiques et cliniques sur le sujet, outils de connaissance et d'aide à la décision pour les pouvoirs politiques en matière de prévention". Il pourrait être entendu : dans une interview récente au journal La Croix, Michèle Delaunay, la ministre déléguée aux Personnes âgées et à l'Autonomie, s'est dite favorable à une telle initiative. "Je ferai tout mon possible pour contribuer à sa création, mais il s'agit d'un sujet interministériel, pour lequel je ne suis pas seule à décider", a-t-elle déclaré, sans préciser s'il s'agirait d'un observatoire spécifique aux personnes âgées - le risque est important et très nettement sous-estimé chez les seniors -, ou s'il concernerait la population générale.
* Coédité par la Mutualité française et les éditions Pascal, 190 pages, 14,20 euros.
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