Publié le 17/01/2024
Le sommeil est essentiel pour maintenir les processus homéostasiques. Ses perturbations peuvent entraîner des conséquences sur la santé. Une récente étude montre que les jeunes parents sont affectés par une dégradation de la qualité de leur sommeil, quel que soit le terme de la naissance.
Nous passons environ un tiers de notre vie à dormir. La déprivation de sommeil peut avoir des conséquences tels que des altérations de l’humeur, des troubles alimentaires, une augmentation du risque de cancer et de maladies cardio-vasculaires. Certaines périodes de la vie sont propices aux perturbations du sommeil, en particulier celle où l’on devient parent. Les pères tout comme les mères, décrivent au cours des 6 années suivant la naissance de leur premier enfant une insatisfaction concernant la qualité et la durée de leur sommeil, pouvant engendrer une altération de l’attachement à leur enfant.
Les pères sont actuellement reconnus comme autant à risque de perturbations du sommeil que leurs compagnes car ils participent aux soins nocturnes au bébé et ils peuvent être affectés par les réveils des mères. De plus, ils retournent travailler plus rapidement et n’ont pas la possibilité de compenser leur perte de sommeil nocturne par des siestes. Cependant, peu d’études ont exploré les modalités de sommeil des pères.
Une étude prospective auprès de parents de nouveau-nés prématurés et d’enfants à terme
Une équipe française a comparé la qualité du sommeil de 316 parents recrutés entre janvier 2019 et janvier 2021 dans les jours suivant la naissance au CHU de Brest. Deux groupes ont été constitués : (i) 1 groupe de parents d’un enfant né prématurément entre 25 et 36 SA, hospitalisé en soins critiques néonatals, (ii) 1 groupe de parents d’un enfant né à terme en bonne santé. Les données ont été matchées en fonction de la parité et de la période de naissance pour éliminer la variation saisonnière naturelle du sommeil. Les familles monoparentales, les grossesses multiples ont été exclues, ainsi que les familles dont l’un des parents était mineur ou n’a pas consenti, et ceux ne parlant pas le français. Ont été exclus également les parents d’un enfant décédé, ou présentant un syndrome malformatif, une anomalie génétique, les parents souffrant d’une toxicomanie (sauf tabagisme), d’un syndrome dépressif, ou d’un désordre psychiatrique connu. Les données socio-démographiques ont été collectées ainsi que les données portant sur le sexe, la parité, la gémellarité, le mode d’accouchement. Des facteurs connus pour influencer la qualité de sommeil ont été également recherchés tels que des troubles du sommeil antérieurs, l’usage de somnifères, la profession des parents, et la distance entre le domicile et l’hôpital. Le taux d’allaitement maternel étaient aussi renseigné, il était similaires à 6 mois dans les deux groupes (23,5 % pour les prématurés vs 28,2 % pour les enfants à terme ; p=0,58). La qualité du sommeil parental a été analysée à partir du Pittsburgh Sleep Quality Index (PSQI), questionnaire auto-administré via internet. Un PSQI > 5 met en évidence un trouble du sommeil.
Plus de la moitié des parents présentent des troubles du sommeil à 6 mois
Au 6ème mois de l’enfant, on ne retrouve pas de différence significative de qualité de sommeil entre les 2 groupes : 51,6 % des mères de prématurés ont un PSQI > 5 vs52,3 % des mères ayant accouché à terme (p = 0,9) ; 51,8 % des pères de prématurés ont un score PSQI > 5 contre 41,5 % des pères d’enfants à terme (p = 0,3). La durée du sommeil de tous les parents est identique : entre 5,5 et 7 heures. L’allaitement maternel comparé à l’alimentation au biberon n’est pas associé à une moindre qualité de leur sommeil. Les auteurs précisent que dans le groupe de parents d’enfants prématurés, aucun distinguo n’a été fait entre ceux d’un enfant né très grand prématuré et ceux d’un enfant faiblement prématuré. Il est possible qu’il existe une association entre la qualité du sommeil et l’âge gestationnel de naissance sans que cette étude puisse l’établir.
Laurence Girard, IPDE
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