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lundi 22 janvier 2024

Etre psy à la campagne : « Ici, quand vous demandez aux gens comment ils vont, ils vous répondent toujours “ça va” »

Par   Publié le 21 janvier 2024

Mélanie Bon, psychologue travaillant à domicile, se rend à un rendez-vous à Villeneuve d'Aveyron. Le 16 octobre 2023.

S’il y avait eu une troisième saison à la remarquable série En thérapie, diffusée sur Arte, où aurait atterri ce cher docteur Dayan ? Parisien dans la première, proche banlieusard dans la seconde, le psychanalyste incarné par Frédéric Pierrot aurait-il pris ses cliques et ses claques pour filer exercer à la campagne ? L’idée eût été séduisante. Certes, il n’aurait probablement suivi aucun rescapé des attentats de 2015 ni aucun urbain stressé. Mais les journées du thérapeute n’en auraient pas été moins longues.

Harcèlement, dépression d’adolescents isolés dans leur village ou encore burn-out, violences sexuelles, secrets de familles, agriculteurs démunis face aux effets du réchauffement climatique… A la campagne, jeunes et moins jeunes souffrent aussi des maux de notre époque, auxquels s’ajoutent ceux liés au fait de vivre loin des villes. Pour les aider, des psychologues, qui s’adaptent aux réalités de ces déserts médicaux, y exercent souvent autrement qu’en ville. Et y nouent d’autres formes de relations avec leurs patients.

Dans l’Aveyron, comme dans de nombreuses zones rurales à travers la France, ces professionnels affirment refuser chaque jour entre trois et cinq demandes de nouveaux patients. Un effet En thérapie ? Peut-être. Un effet Covid-19 ? Certainement. Près de quatre ans après le premier confinement (mars 2020), les psychothérapeutes installés à la campagne sont sollicités comme jamais.

Les habitants se montrent sceptiques

Pour apaiser les traumatismes liés à la crise sanitaire mais aussi pour affronter tout ce qu’elle a permis de révéler. Mélanie Bon parle de « déflagration ». Cette thérapeute de 38 ans, qui vit dans un hameau aveyronnais et exerce dans une grande partie du département, note une forte augmentation par exemple du nombre d’enfants de 10 ans amenés par leurs parents. « Ils avaient 7 ans en 2020, l’âge où l’on commence à comprendre bien des choses, et, aujourd’hui, ils sont terriblement angoissés par la mort », explique-t-elle.

Il faut désormais entre un et deux mois pour espérer pouvoir rencontrer Claire Mérot, psychologue à Sauveterre-de-Rouergue, huit cents habitants. Quatre si vous voulez un rendez-vous en fin de journée ou le samedi. Près d’un mois pour se confier à Ivona Artus, qui exerce à Naucelle, deux mille habitants. Cette dernière estime que le nombre de nouvelles demandes a quadruplé depuis 2020. « Les gens ne vont pas bien. On se soucie encore trop peu de leur mal-être. Or, quand il vous atteint, celui-ci ne passe pas comme un rhume. »

Ivona Artus dans les rues de Naucelle (Aveyron), où elle exerce comme psychologue, le 17 octobre 2023. 

Lorsque cette Tchèque de 46 ans s’installe au début des années 2010, après avoir rencontré un Aveyronnais dans son pays, son projet était loin d’être une évidence. Elle exerçait à Brno (396 000 habitants), deuxième plus grande ville de République tchèque, avant de débarquer dans ce village qui compte toujours six salons de coiffure mais à l’époque aucun cabinet de psychothérapeute.

Quand Ivona Artus ouvre le sien, un petit cocon aux tonalités bleu et gris pâle, avec sa table basse et sa boîte de mouchoirs posée dessus, les habitants se montrent sceptiques. Y compris les membres de sa belle-famille, des agriculteurs qui ne comprennent pas très bien en quoi consiste sa profession. « Ici, quand vous demandez aux gens comment ils vont, ils vous répondent toujours “ça va”, sourit-elle. Ils ne se plaignent jamais et c’est une vraie spécificité locale, je crois. Il faut toujours prétendre qu’on va bien, se montrer fort, sans quoi cela peut être interprété négativement. Même la maladie très grave est vue comme une preuve de faiblesse dont il ne faudrait pas parler. »

Les choses se sont faites finalement assez vite. Peu après l’ouverture du cabinet, les premiers patients la contactent. Rarement du village, plus souvent des environs, d’Albi et de Rodez, Naucelle se situant à mi-chemin entre les préfectures du Tarn et de l’Aveyron. Des personnes qui préfèrent rouler une trentaine de minutes plutôt que risquer de croiser une connaissance dans leur propre ville. Les psys des champs peuvent aussi servir à cela : offrir de la discrétion aux citadins.

Un petit signe discret de la tête

En ouvrant son cabinet au cœur du massif du Luberon, dans le magnifique village de Goult (Vaucluse), à peine mille habitants, à 40 kilomètres à l’est d’Avignon, Claire Rinié, 40 ans, n’était elle non plus pas assurée de trouver une patientèle.

A Poitiers, où elle exerçait avant la crise due au Covid-19, ses collègues soutenaient qu’il était impossible de gagner sa vie en dehors des villes, ou alors à condition de trouver un autre travail à mi-temps. Originaire de la région, accompagnant son mari qui trouve un nouvel emploi en Provence, elle tente sa chance.

Deux collègues enceintes lui envoient ses premiers patients, qu’elle rencontre en avril 2022, trois mois après son arrivée. « On m’avait découragée, prévenue que c’est assez pauvre par ici, que les gens ne peuvent pas dépenser 60 euros pour une consultation, que ce n’est pas ancré dans les mœurs. Et puis finalement, très vite, on m’a dit : “C’est bien que vous soyez là, c’est tellement compliqué d’avoir un rendez-vous dans le coin, il n’y a pas de psy !” » Aujourd’hui, son cabinet ne désemplit pas.

Claire Rinié assure qu’être une enfant de la région rassure certains. Elle n’habite pas à Goult, mais à une dizaine de kilomètres. « Ne pas vivre là où je travaille joue en ma faveur. Tout le monde se connaît dans un village. Je ne veux pas croiser tous les jours mes patients pour ne pas mettre de proximité dans le processus de la thérapie. » A tous, elle dit dès le premier rendez-vous : « Si l’on se croise, je ne vous dirai pas bonjour et, de votre côté, si vous ne me dites rien, je ne me formaliserai pas. »

La thérapeute à domicile Mélanie Bon, dans sa voiture qui lui sert de bureau entre deux rendez-vous, à Foissac (Aveyron), le 16 octobre 2023. 

L’Aveyronnaise Mélanie Bon a, elle, établi un code : un petit signe discret de la tête pour se saluer et c’est tout. Sa consœur Ivona Artus a la bonne idée de partager son cabinet avec un ostéopathe. Pour diviser les frais, certes, mais cela permet aussi aux patients embarrassés de cacher aux curieux l’objet de leur consultation. La thérapeute a construit, comme elle le dit, sa propre stratégie de contournement. Afin d’éviter de les croiser à la caisse ou dans les allées, elle ne fréquente pas le supermarché le plus proche de la commune. « Je sais que je suis porteuse de problématiques. »

« Neutre dans les histoires de la région »

Un peu plus qu’ailleurs, se faire suivre par un psychologue reste encore difficilement assumé dans les villages. « Il peut y avoir trois raisons pour expliquer cette réticence, détaille Claire Mérot, 33 ans. La croyance que le langage n’aide pas, que la pratique manque de concret, qu’elle est trop intellectuelle, le prix et l’idée que consulter serait faire preuve de faiblesse, que l’on peut très bien s’en sortir tout seul. Mais je suis certaine que les choses changent. La honte, réelle auparavant, se fait de plus en plus rare. » Néanmoins, même dans des petites villes perdure une certaine peur du qu’en-dira-t-on.

Psychologue et sexologue, Céline Brulin consulte à Rodez, vingt-quatre mille habitants. Situé au rez-de-chaussée, rue Chirac, son cabinet dispose d’une porte, au fond de la pièce, qui donne sur le hall d’entrée de son immeuble. Plusieurs de ses patients l’empruntent pour entrer et sortir de chez elle, par souci de discrétion.

« La principale différence avec le fait d’exercer dans une grande ville, c’est cette notion de confidentialité, relève celle qui a étudié et travaillé en région parisienne et à Toulouse. Je peux retrouver certaines de mes patientes à la danse. A Toulouse ou à Montpellier, je choisirais sans doute de changer de club. Ici, il n’y en a qu’un. Alors, on fait avec. »

A Naucelle, Ivona Artus vit comme un avantage le fait d’être une étrangère : « Je ne suis pas l’arrière-petite-fille ou la petite-cousine du voisin qui volait en douce dans le terrain de l’arrière-grand-père et qui fait que, trois générations après, on ne se parle toujours pas entre voisins. Je suis neutre dans les histoires de la région. » Elle suit notamment plusieurs adolescents qui lui ont confié leurs secrets. « Je peux être par exemple la seule personne au monde à savoir que certains sont gays. En ville, le secret serait plus facile à partager. Dans certains cas, à la campagne, faire son coming out peut être dangereux. »

Beaucoup de jeunes du coin attendent d’ailleurs de partir faire leurs études dans une ville universitaire pour oser assumer leur orientation sexuelle« C’est très difficile d’être différent, comme on dit, à la campagne, poursuit Ivona Artus. Que vous soyez Asperger ou homosexuel, allez trouver quelqu’un qui le soit aussi… Qui va vous sécuriser, à part quelqu’un comme moi ? » Pour que les enfants ou les adolescents aient une confiance totale en elle, elle refuse de recevoir en consultation celles et ceux qui sont scolarisés dans la même école que ses propres enfants. Afin qu’ils ne puissent pas craindre qu’elle déballe à la maison certaines confidences qui seraient ensuite partagées dans la cour ou en classe…

« Bloquée derrière les vaches »

Les cas de harcèlement sont aussi plus délicats à gérer à la campagne. Il est encore plus difficile d’échapper physiquement à ceux qui vous maltraitent à l’école ou sur les réseaux sociaux quand vous vivez dans le même village et fréquentez forcément les mêmes commerces, les rares cafés, le seul cinéma ou club de rugby ou de foot en dehors de l’établissement scolaire. Il en va de même pour les victimes de violences sexuelles.

« Ici les gens se retrouvent en famille, le dimanche, pour les fêtes, les anniversaires, les jours fériés, observe Ivona Artus.La probabilité de vous retrouver régulièrement face à celui qui vous a violé ou vous agresse toujours est plus grande qu’ailleurs. Au final, avec ce type de fonctionnement, vous restez l’enfant abusé toute votre vie. »

A Goult, Claire Rinié assure recevoir très peu de personnes soucieuses de faire simplement le point sur leur vie ou se questionner sur leur sexualité. « Elles viennent plutôt me voir parce que, au bout d’un moment, ça va vraiment mal. »

Claire Rinié n’exerce pas en dehors de son cabinet. Sa pratique sédentaire fait d’elle une exception tant la consultation thérapeutique à domicile, à la manière des médecins généralistes, s’est répandue à la campagne. Mélanie Bon roule chaque mois 2 000 kilomètres pour aller à la rencontre de ses patients. Sa voiture lui sert de sas de décompression entre deux rendez-vous. « Je prévois toujours une marge pour les horaires, car, parfois, je peux me retrouver pendant dix minutes bloquée derrière les vaches. »

Originaire de l’Aveyron, elle est partie à Aix-en-Provence, puis à Avignon avant de revenir en 2019. Aujourd’hui, elle aussi affirme refuser cinq nouveaux patients par jour. Ce qu’elle voit ? Des rivalités familiales ancestrales qui, « des années après, retombent sur les enfants et leur pourrissent la vie ». Des traumatismes liés au fait d’avoir assisté à une noyade, de subir les séquelles d’un accident de tracteur ou de machine agricole… Des adolescents qui souffrent d’isolement, se sentent oubliés loin des villes, des magasins, des salles de concerts, des cinémas, des boîtes de nuit, des McDonald’s et des Starbucks où les citadins se réunissent.

« Il y a aussi trop souvent un grand manque de tolérance par ici, estime Mélanie Bon. Je suis la seule à savoir des choses que certains patients estiment inavouables. Il faut absolument que cela reste secret, car à la longue, dans les petits villages, tout se sait. »

Des scènes cocasses

La plupart de ces secrets s’offrent à elle au domicile des patients. C’est en allant chez les gens que Mélanie Bon « s’éclate » professionnellement. Et collecte une foule d’informations fort utiles pour son travail. Une déco intérieure, un mode de vie… peuvent parler à la place du patient. « Partager de leur temps chez eux peut être révélateur. Une personne vous dit qu’elle est très seule, s’en plaint beaucoup, alors que l’heure de consultation va être interrompue dix fois par des voisins, la boulangère, le téléphone… »

Parfois, des scènes cocasses s’invitent. Le livreur de surgelés déboule, il faut ranger dans le congélateur. Un voisin bavard sonne, des parents passent une et parfois deux têtes dans la chambre de leur adolescent au milieu de l’entretien… La télévision hurle. En général, les thérapeutes demandent une pièce où la personne se sent bien et où personne d’autre ne viendra perturber la séance, chambre ou salle à manger. « Même s’il fait très froid, les séances peuvent se dérouler en extérieur pour préserver la confidentialité de l’espace thérapeutique, par exemple quand les pièces sont mal isolées », ajoute le psychologue Florian Mosso.

Mélanie Bon, psychologue, se rend à une consultation à domicile, à Villeneuve-d’Aveyron, le 16 octobre 2023. 

Installé à Sénas (Bouches-du-Rhône, 6 800 habitants), ce dernier, qui habite à 17 kilomètres, coupe ses semaines en deux : une moitié au cabinet en ville, là aussi partagé avec plusieurs professions paramédicales. L’autre moitié de la semaine se déroule à domicile, le plus fréquemment dans les villages environnants.

Au début, quand il disait qu’il consultait à domicile, des collègues lui ont demandé : « Mais tu fais quoi ? » Comme si se rendre chez les gens allait l’empêcher de travailler. « Mais, moi, j’adore ça. La seule grosse différence, c’est que, au lieu de lancer : “Tout ce qui se dit au cabinet n’en sortira pas”, je dis : “Tout ce qui se dit chez vous restera chez vous.” »

En été, quand le soleil du Midi cogne trop fort, ce jeune homme de 29 ans, ancien rugbyman, peut débarquer chez ses patients en short et personne ne s’en formalise. Au contraire, comme si la tenue décontractée permettait de dédramatiser le rendez-vous et les raisons qui le motivent. S’il doit parler avec un adolescent qui, au moment où il arrive, est happé par un jeu vidéo dans sa chambre, il proposera de jouer avec lui pour briser la glace. « Du coup, je ne suis pas mauvais à Fifa ! »

Qu’un autre veuille d’abord lui montrer le nouveau tracteur familial, ils iront ensemble faire le tour du véhicule. « Je suis un peu un psy tout-terrain. Mais j’apprends beaucoup à l’extérieur de mon cabinet. La maison est le reflet de leur personnalité. Si j’étais enfermé en ville à enchaîner les rendez-vous, je pense que je trouverais le temps bien long. Là, les patients nous ouvrent littéralement les portes de leur vie intérieure, je trouve ça magnifique. »

Il a fallu apprendre sur le tas

Surtout, personne ne se prépare à ce type de pratiques en faculté de psychologie. « A l’université, on nous enseigne que le travail de psychologue s’effectue dans un bureau, dans une institution ou dans des conditions idéales », pointe Florian Mosso. Il a donc fallu apprendre sur le tas. Improviser. Proposer au dépressif qui menace de se suicider d’ici au prochain rendez-vous de passer un pacte inimaginable en ville, accepter la visite tous les jours, à heure fixe, d’un voisin mis dans la confidence, qui maintient du lien et, le plus souvent, empêche le passage à l’acte. Adapter sa rémunération pour les personnes aux revenus trop modestes pour venir consulter.

Au moment de partir, Florian Mosso se voit parfois proposer un cageot de tomates ou de melons. « On est dans une sorte de troc, ils n’ont pas les moyens de payer, alors ils me donnent le fruit de leur travail, qui a tellement plus de valeur à leurs yeux qu’un chèque ou un billet et moi, si tel doit être le cas, ça me va. C’est un geste qui me touche beaucoup. » Il arrive que des familles tentent de le retenir pour l’apéritif, insistent pour l’inviter à dîner, mais il refuse toujours. « Les gens ont parfois du mal à le comprendre, mais je ne peux pas laisser notre travail glisser vers l’affectif. »

Mélanie Bon anime un atelier d’analyse des pratiques dans un établissement et service d’aide par le travail, à Martiel (Aveyron), le 16 octobre 2023. 

Dans le village où il réside et où il suit quelques personnes, Florian Mosso a aussi prévenu la population : son épouse ne doit pas être considérée comme la femme du psy. « A Paris, allez savoir ce que fait ou qui est l’époux ou l’épouse de votre thérapeute. Mais ici… Les patients que je suis la connaissent, les enfants de tout le monde sont gardées par les mêmes nounous, fréquentent les mêmes écoles, vont aux mêmes clubs de sport… Je leur ai donc demandé de la tenir à l’écart de notre travail. »

Pas question de bavarder sur l’air de « Tiens, je suis allé voir ton mari hier… » Mais quand son épouse lui annonce avoir invité un voisin à dîner, sans savoir que ce dernier a consulté Florian dans la journée, le psychologue ne peut qu’accepter en tiquant. Bien qu’il exerce au cœur d’une région très agricole, celui qui se définit comme « le psy du village » ne suit aucun agriculteur. A la limite, quelques fils et filles de. « Dans le monde agricole, c’est très difficile de confier ses enfants. Je me suis déjà entendu dire : “Vous savez, notre fille n’est pas folle.” »

Vague de dépressions et de suicides

Souvent confrontée à de grandes difficultés financières, à la crise climatique, à la pression de la grande distribution, la profession est pourtant frappée par une vague de dépressions et de suicides : environ un par jour, selon la Mutualité sociale agricole (MSA, le régime de protection obligatoire des professions agricoles). « Bien qu’ils soient nombreux à souffrir de symptômes, ils se justifient en disant ne pas pouvoir se le permettre financièrement. Ou bien que ce n’est pas dans leur culture », affirme Claire Rinié.

Depuis trois ans, Claire Mérot travaille une partie du temps avec la MSA. Elle intervient dans le cadre d’un plan de prévention des suicides. « En 2010, nous avons été alertés par leur nombre très élevé : un par semaine rien que dans le département du Tarn », explique Evelyne Fillol, psychologue référente de la MSA pour l’Aveyron, le Lot, le Tarn et le Tarn-et-Garonne. Les décès concernent notamment des producteurs laitiers, hommes et femmes, souvent jeunes.

« Quand vous êtes épuisé, vous n’avez même plus la force d’aller chercher de l’aide, reprend Evelyne Fillol. Or il y a peu de professions qui cumulent autant de stress et de facteurs qui ne peuvent pas être maîtrisés. » Un système de repérage a donc été mis en place grâce à la formation de « sentinelles », des employés du Crédit agricole, des médecins généralistes, toute personne en contact avec des agriculteurs et chargée d’avertir de signes, de changements de comportements inquiétants ou de propos morbides.

Les personnes sont alors appelées et se voient proposer ving-cinq séances de thérapie gratuites. Des groupes de parole, des aides pour pouvoir partir, ne serait-ce que quelques jours par an, en vacances, ont été également créés. Chaque année, depuis près de treize ans, le dispositif de la MSA concerne entre trois cents et quatre cents personnes dans la zone dont s’occupe Evelyne Fillol. Aucune d’entre elles n’est passée à l’acte.


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