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vendredi 7 juillet 2023

Canicules Des effets psychologiques aussi

Publié le : 27/06/2023 

Les fortes chaleurs sont un danger, bien connu désormais, pour la santé physique. Mais elles influent aussi sur la santé mentale : elles peuvent provoquer anxiété, dépression et idées suicidaires.

Moral en berne, anxiété, troubles du sommeil, les canicules sont éprouvantes, et ce n’est pas qu’une impression. Si les épisodes de fortes chaleurs provoquent insolations, déshydratations ou coups de chaleur, ils exposent aussi à des risques, plus méconnus mais de mieux en mieux documentés, pour la santé mentale.

L’effet est tel qu’il se constate en termes de morts. Des épidémiologistes de l’Inserm ont ainsi publié, l’été dernier, une étude montrant que les suicides sont plus nombreux en France lors des journées chaudes. Ils ont pour cela relevé toutes les causes des 24,4 millions de décès, dont 500 000 suicides, observés depuis 1968 grâce au registre de l’Inserm. Le risque de suicide augmente de 1 à 2 % pour chaque augmentation de température de 1 °C. « On ne parle pas là de températures extrêmes mais d’une augmentation continue du risque. Parmi les dix causes de décès les plus fortement liées à la chaleur, quatre impliquent le système nerveux, par exemple les AVC ou le suicide. Le système endocrinien semble lui aussi fragile face à la chaleur. Cela n’est pas étonnant, car ce sont des systèmes “senseurs” de l’organisme », estime Rémy Slama, qui a dirigé cette étude. En cas de fortes températures, des modifications des relations sociales et des altérations biologiques (baisse de la sérotonine dans le cerveau, par exemple) pourraient être impliquées dans le passage à l’acte suicidaire.

DES RÉPERCUSSIONS SUR L’HUMEUR

Dans son rapport publié en février 2022, intitulé « Impact, adaptation et vulnérabilité », le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) pointe les effets néfastes de la chaleur sur le suicide et sur la santé mentale en général. Le nombre d’hospitalisations et de passages aux urgences pour des problèmes psychiatriques augmente. Anxiété, dépression et stress aigu se manifestent davantage. Même la bonne humeur est impactée : interrogées durant les fortes chaleurs estivales, les personnes évoquent une diminution de leur bien-être et se disent moins heureuses.

Des chercheurs ont émis l’hypothèse que le lien entre augmentation de température et dégradation de la santé mentale pourrait s’expliquer au moins en partie par une qualité de sommeil plus mauvaise. Se savoir vulnérable face à la chaleur est aussi un facteur de risque. Chez les personnes âgées, qui craignent de mal supporter la chaleur, cela peut conduire à majorer les épisodes d’anxiété et de dépression. En outre, la chaleur « amplifie des troubles préexistants. Comme pour les problèmes cardiovasculaires, c’est le cas pour les problèmes d’ordre psychologique », explique Guy Lenaers, chercheur à l’université d’Angers.

DES ADAPTATIONS À ENVISAGER

Bonne nouvelle, l’étude conduite par Rémy Slama montre que la mortalité liée à la chaleur s’atténue au cours du temps. Pour une même température, le risque de décès était moins élevé pendant la période 1985-2000 que pendant la période 1968-1984. Cela pourrait s’expliquer par une modification des modes de vie et une amélioration de l’habitat ou des systèmes de santé. Toutefois, cette adaptation risque de ne pas suffire à absorber les effets de la hausse importante des températures à venir.

En Europe, actuellement, 8 % des décès sont attribuables aux anomalies de température. L’essentiel découle de températures basses, mais cela pourrait évoluer avec le réchauffement climatique. Les troubles de la santé mentale pourraient grimper avec la multiplication des journées chaudes.

→ Si vous avez des pensées suicidaires, appelez le 3114, numéro national de prévention gratuit et confidentiel, 24h/24 et 7j/7.

La mortalité varie avec les températures

Pour les causes de décès les plus courantes, comme les maladies cardiovasculaires ou respiratoires, le taux de mortalité augmente à la fois quand les températures se refroidissent et quand elles se réchauffent (courbe dite « en U »). C’est autour de 20 °C que le risque de décès est minimal. À -7 °C, ce risque est approximativement augmenté de 50 %. Une hausse comparable est observée dès 27 °C. La mortalité par suicide, elle, constitue une exception notable : elle augmente régulièrement, des températures les plus froides jusqu’aux plus chaudes, sans qu’il y ait de seuil.


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