Publié le 08/09/22
Le directeur de la clinique de Chailles passera la main à la fondation l'Élan retrouvé, au détriment de la société coopérative formée par les soignants. La fondation promet cependant de préserver le mouvement de la psychothérapie institutionnelle.
L'avenir de la Clinique de La Chesnaie à Chailles (Loir-et-Cher) se précise. Dans un communiqué commun, la direction de la clinique et la fondation l'Élan retrouvé, acteur francilien du secteur privé à but non lucratif, annoncent ce 7 septembre leur entrée en négociations exclusives en vue de la cession de l'établissement à la fondation. Le Dr Jean-Louis Place, médecin-directeur de la Clinique de La Chesnaie, cherchait en effet un repreneur pour cet établissement emblématique de la psychothérapie institutionnelle. La nouvelle a été accueillie "avec amertume" par la société coopérative d'intérêt collectif (Scic) qui rassemble 80% de personnels, salariés et médecins autour d'un projet de reprise dans le but de préserver leur organisation unique en son genre.
"Cette décision nous fait fortement craindre une perte d'autonomie dans notre fonctionnement et dans l'accueil singulier, propre à la psychothérapie institutionnelle pratiquée à La Chesnaie", détaille le collectif des Amis de La Chesnaie dans une lettre à ses soutiens. Jean-Louis Place détaille les raisons de son choix, assisté par un cabinet spécialisé dont l'orde de mission mettait "au cœur de la reprise" le maintien du projet institutionnel. Il souligne la nécessité d'un relais "par une nouvelle institution, solide financièrement" en raison des lourdes charges pesant sur l'établissement indépendant et isolé, ainsi que de la réforme du financement en psychiatrie "qui représente un risque pour le projet d'établissement". La clinique nécessite par ailleurs des travaux de rénovation importants.
Garder une direction et des commissions
Le directeur sur le départ insiste également sur l'importance de poursuivre les principes de polyvalence et de transversalité soutenus par la psychothérapie institutionnelle. À Chailles, les infirmiers, aides-soignants, éducateurs et psychologues ont en effet tous le statut de moniteur polyvalent et changent de fonctions selon les rythmes imposés par les différents emplois dans la clinique. "Cette organisation, particulièrement fragile, trouve son équilibre grâce à la coexistence de commissions, composées de salariés élus, et d'une direction qui arbitre les situations litigieuses", estime Jean-Louis Place.
Exit donc la cogestion proposée par le collectif de soignants. Le directeur estime que cette délégation partielle de responsabilité interne ne peut fonctionner qu'en présence d'une direction "qui reste seule responsable vis-à-vis de la loi, des tutelles et de tout tiers extérieur". Il a donc décidé d'entrer en discussion exclusive avec la fondation l'Élan retrouvé, seule organisation selon lui à remplir tous les critères indispensables au succès de la reprise de la clinique : solidité d'un réseau de trente-sept établissements, médecins présents au conseil d'administration, transversalité, "mais surtout une référence à la psychanalyse et à la psychothérapie institutionnelle dont elle est assurément le dernier et le plus haut des remparts".
Des valeurs communes à défendre
De son côté, l'Élan retrouvé relève les points de concordance entre la clinique et la fondation, notamment la philosophie commune de l'accompagnement "reposant sur la polyvalence et la responsabilisation des salariés et l'attention toute particulière portée à la relation soignant-soigné". La fondation souligne également disposer d'une expérience conséquente dans l'accueil des personnes souffrant de troubles psychiatriques. Le président Bernard Verrier et le directeur général François Géraud expriment par ailleurs leur attachement à mener une politique sociale et salariale attractive pour l'ensemble des professionnels, ainsi que leur habitude d'impliquer les patients dans les prises en charge en les incitant à mettre en place des associations d'usagers. Un cycle de formation sur le thème de la psychothérapie institutionnelle sera développé. La fondation souhaite donc continuer à défendre cette psychothérapie et les pratiques de soin qui y sont attachées "dans le cadre d'un climat social serein avec la reprise intégrale des effectifs et le respect du projet médical et d'établissement".
Les soignants défendront leur position de "repreneurs incontournables"
Le collectif de soignant ne compte pas abandonner son projet collaboratif. "Une large majorité des salariés et des médecins est en net désaccord avec le choix du vendeur", indique à Hospimedia Gwenvael Loarer, psychologue clinicien et membre de l'association Les Amis de La Chesnaie. Malgré la nouvelle, l'assemblée générale qui s'est tenue le 5 septembre a ainsi réuni plus de 150 personnes et a voté la création de la société coopérative d'intérêt collectif (Scic) société anonyme (SA) Clinique de Chailles pour "préserver le sens que les soignants mettent dans leur travail" et "offrir à la clinique des possibilités financières rassurantes", comme indiqué dans une tribune parue en août. "Les cosociétaires soignants et sympathisants vont donc continuer à améliorer leur proposition d'offre de reprise avec le soutien de leurs partenaires institutionnels", affirme le moniteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire