par Luc Peillon publié le 13 septembre 2022
Question posée par Bertrand, le 8 septembre.
Vous nous interrogez sur le soutien apporté par un syndicat de médecins au professeur controversé Christian Perronne, spécialiste des maladies infectieuses à l’hôpital de Garches (Hauts-de-Seine), figurant sur le site BonSens. Sur cette plateforme covido-sceptique figure effectivement une lettre du syndicat national des médecins hospitaliers Force ouvrière (SNMH-FO), dont les auteurs s’inquiètent du sort qui sera réservé à ce défenseur de l’hydroxychloroquine – et pourfendeur des vaccins anti-Covid-19 – lors de son passage, ce mardi, devant la chambre disciplinaire du Conseil régional d’Ile-de-France de l’ordre des médecins.
Une convocation qui fait suite à ses propos tenus dans les médias lors la crise sanitaire liée au Covid-19, comme le révélait le Figaroen juin 2020. En cause, notamment : ses sorties contre le CHU de Nantes, accusé «d’avoir fait crever son beau-frère» en lui refusant l’hydroxychloroquine, ou encore ses déclarations sur le fait que cette thérapeutique aurait pu éviter 25 000 décès si elle avait été prescrite massivement. «Il y a une véritable corruption qui a plongé des dizaines de milliers de Français dans la mort», avançait-il au printemps 2020, suggérant que des opposants à ce médicament ont été «achetés par l’industrie pharmaceutique».
«Libertés fondamentales»
Adopté le 9 septembre à l’unanimité du bureau du syndicat, le texte figurant sur le site BonSens présente le professeur comme «bien connu pour s’être opposé à la médecine d’Etat». C’est même «pour cela et uniquement pour cela qu’il est l’objet de cette attaque». Selon ces médecins, pourtant, Perronne «n’a eu de cesse [de] soigner les malades de son service […] en accord avec les connaissances disponibles et sur la base de son expérience et de son expertise». Et de rappeler que «pour être resté fidèle à son serment de médecin et s’être exprimé publiquement – en son âme et conscience – et pour avoir osé critiquer la politique sanitaire du gouvernement, le Pr Christian Perronne a déjà été sanctionné de façon ignominieuse en décembre 2020 [destitution de ses fonctions de chef de service par l’AP-HP, ndlr]».
Selon ce syndicat rattaché à la fédération FO des personnels de santé, Perronne «a fait son devoir de médecin selon le code de déontologie médicale dont les principes essentiels sont d’agir dans le seul intérêt des malades et selon les données de la science, en toute indépendance professionnelle, avec une liberté de prescription, une liberté de communiquer entre médecins, liberté vitale pour faire progresser la connaissance». Autant de «libertés fondamentales» qui «ont été progressivement rendues illégales par le gouvernement durant l’épidémie de Covid sous prétexte d’un état d’urgence».
Pour mémoire, Christian Perronne fut effectivement un fervent défenseur de l’hydroxychloroquine dans le traitement contre le Covid-19, traitement qui n’a toujours pas fait la preuve de son efficacité. Personnage central du film conspirationniste Hold-up, il a multiplié, ces dernières années, les déclarations hasardeuses sur les indicateurs de l’épidémie de Sars-CoV-2 (sur les taux de létalité comparés entre les Etats-Unis et la France, par exemple, ou surl’absence de réalisation du scénario épidémiologique Ferguson), et sur la dangerosité supposée des vaccins. Avant la pandémie, il s’était illustré en défendant la thèse selon laquelle la maladie de Lyme était issue d’une expérience d’un virologue nazi réfugié aux Etats-Unis.
«Laisser les scientifiques débattre entre eux»
Contacté par CheckNews, le secrétaire général du SNMH-FO refuse de se prononcer sur le fond des polémiques qui entourent Perronne. «Face à la caporalisation de la médecine par l’Etat, telle que nous avons pu l’observer lors de la dernière crise, notre rôle, en tant que syndicat, est de défendre l’indépendance des praticiens hospitaliers, avance Cyril Venet. Il y a toujours eu des désaccords en médecine, et il est important de laisser les scientifiques débattre entre eux.»
Au point de défendre un médecin qui, par sa défiance affichée envers les vaccins, a pu dissuader des personnes de se faire vacciner ? «Notre syndicat n’a pas débattu de cela, ce que pense un professeur de médecine d’une thérapeutique n’est pas notre sujet,insiste-t-il. Car même s’il a tort, lui interdire de le dire n’est pas dans la pratique de la médecine.» Pour Venet, la procédure contre Perronne, bien que menée par le conseil de l’ordre, «reste initiée par le gouvernement, et ça notre syndicat, libre et indépendant, ne peut pas l’accepter».
Joint par CheckNews, le Conseil régional de l’ordre des médecins d’Ile-de-France annonce que sa décision sera communiquée d’ici un mois à l’intéressé.
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