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jeudi 23 décembre 2021

Vaccination ouverte aux 5-11 ans : «Je suis fière de faire partie des parents qui y sont favorables»

par Julien Lecot  publié le 22 décembre 2021

Le gouvernement a ouvert ce mercredi à tous les enfants de 5 à 11 ans la vaccination contre le Covid. Au centre de santé Richerand, dans le Xe arrondissement de Paris, tous les créneaux ont vite été réservés par des parents volontaires qui ont accompagné leur progéniture.

«Tu sais pourquoi tu es là ?» demande d’une voix douce Jeanne Villeneuve, médecin et directrice médicale du centre de santé Richerand, dans le Xe arrondissement de Paris. Ay-Leen, 5 ans et demi, rondes lunettes roses sur le nez, regarde ses pieds, l’air gêné. Puis bredouille : «Le vaccin.» Assise à côté, Lily-Swan, sa sœur jumelle, assiste à la scène, hilare. Toutes les deux sont venues avec leurs parents ce mercredi matin pour se faire vacciner contre le virus du Covid-19. La première car elle a été opérée du cœur trois ans auparavant et est donc considérée comme à risque face au virus. La seconde car ses parents ont souhaité profiter du rendez-vous pour faire d’une pierre deux coups.

La médecin sort donc deux seringues. Désinfecte le bras des jumelles. Et pique. Deux grimaces et deux pansements licornes plus tard, le tour est joué. Ay-Leen a bien lâché une petite larme, vite oubliée après que la soignante lui a tendu une boîte remplie de bonbons. Mais rien de plus. «J’ai eu une petite goutte de sang»,s’amuse-t-elle après coup. «Moi c’était juste un petit peu plus gros»,compare Lily-Swan, pas peu fière de sa blessure de guerre.

Si les deux sœurs ont pu se faire piquer, c’est que la vaccination a finalement été ouverte à tous les enfants de 5 à 11 ans ce mercredi matin. Elle l’était déjà pour les plus jeunes atteints de comorbidités. Mais le gouvernement attendait le feu vert des autorités sanitaireset éthiques compétentes pour l’élargir à tous. Le protocole prévoit deux piqûres à trois semaines d’intervalle.

«Les conditions les plus sereines»

Après le Conseil consultatif national d’éthique vendredi, puis la Haute Autorité de santé lundi, le Conseil d’orientation pour la stratégie vaccinale, chargé de guider l’exécutif durant la pandémie, a publié ce mercredi un avis favorable au «lancement de la campagne de vaccination pédiatrique». Une décision justifiée par «l’obtention de données de sécurité fiables qui assurent une balance bénéfice-risque favorable», notamment au regard des risques de myocardites et de péricardites. Dans la foulée, le ministre de la Santé, Olivier Véran, a officialisé le lancement de la campagne de vaccination pour tous et la possibilité pour les parents le souhaitant de prendre des rendez-vous pour faire piquer leur progéniture.

Les derniers créneaux de Richerand encore disponibles ont vite trouvé preneurs. Depuis le 17 décembre (après l’ouverture aux enfants à risque), un centre de vaccination spécialement dédié aux 5-11 ans a été mis sur pied au sein de l’établissement, à raison de quelques demi-journées par semaine. Les doses administrées – environ 70 par jour – sont adaptées aux plus jeunes : on leur injecte une version allégée du vaccin Pfizer, trois fois moins dosée que celle destinée aux adultes. De plus, contrairement aux centres «classiques», un test sérologique rapide (Trod) est systématiquement fait pour savoir si l’enfant a déjà eu le Covid ou non, et lui permettre le cas échéant de ne recevoir qu’une seule dose.

«On a tenu à faire ça dans un lieu distinct du centre de vaccination pour adultes de la mairie du Xe, explique Jeanne Villeneuve entre deux piqûres. Là-bas c’est très grand, on fait 1 500 vaccinations par jour, il y a beaucoup de box et de médecins… Ça peut être impressionnant pour les enfants.» Grâce à ce centre dédié, les soignants peuvent mettre les plus jeunes dans «les conditions les plus sereines» pour se faire vacciner, alors qu’aiguilles et injections sont sources de stress pour certains. Ils leur évitent dans le même temps les «tensions» qui peuvent voir le jour «quand certains adultes sont mécontents qu’on leur propose le vaccin Moderna au lieu du Pfizer», précise la directrice médicale du centre.

Alors tout est fait pour rassurer. Dans le couloir qui sépare les différentes salles où les enfants se font vacciner, des tables ont été installées avec feutres, coloriages et livres à disposition pour passer le temps. Au milieu de la pièce, un petit sapin clignote, au pied duquel ont été entreposés gâteaux et bonbons, «prérequis indispensables» pour ce genre de lieu. Sur les murs enfin, de nombreuses feuilles marquées d’un «Je suis vacciné» ont été collées, sorte de livre d’or du centre : les enfants sont incités à y inscrire leur nom une fois piqués.

Dans cette salle d’attente aux allures de garderie, on trouve avant tout des parents convaincus par les bienfaits du vaccin. «Je suis clairement pro-vaccination», plaide Mathilde, la quarantaine, venue avec ses deux enfants. Si Simon, l’aîné, ne souffre d’aucune comorbidité, Jeanne, sa sœur âgée de «6 ans, mais bientôt 7», est, elle, asthmatique. «Alors, dès que j’ai su que je pouvais les faire vacciner tous les deux, j’ai pris rendez-vous. La question ne s’est même pas posée», assure la maman, contente d’avoir trouvé un créneau. «On n’a pour l’instant pas besoin de convaincre, confirme Jeanne Villeneuve. On est encore loin du travail assez fin que l’on mène chez les adultes pour aller chercher les derniers réticents.»

Quelques chaises plus loin, Elodie est penchée sur son téléphone, en pleine rédaction d’une publication qu’elle compte envoyer sur Facebook. «J’y écris que ma fille, Ness, va se faire vacciner et que je suis fière de faire partie des 30 % de parents qui y sont favorables,explique-t-elle, en référence à une étude d’Elabe assurant que 68 % des parents sont opposés à la vaccination des 5-11 ans. De toute façon, tous vont bien finir par devoir la faire. Et comme on part au ski vendredi, je me suis dit que c’était mieux d’y aller dès maintenant.»

Problème : Ness a été testée positive début septembre, conséquence d’un gros cluster détecté dans sa classe de CM2. Avant de venir, la maman avait cherché à savoir sur Internet si sa fille pouvait se faire vacciner aussi peu de temps après avoir été contaminée. Seule réponse trouvée : un article de presse dans lequel une agence régionale de santé affirmait que les enfants pouvaient recevoir une dose «deux à six mois» après avoir été testés positif. Face à ce cas inédit, les médecins du centre restent perplexes. Personne ne sait vraiment si l’enfant peut se faire inoculer, la faute aux consignes gouvernementales qui ne cessent d’évoluer. «J’ai posé une colle je crois», rit jaune Elodie, inquiète d’être «venue pour rien». Après quelques vérifications dans les derniers textes législatifs, les soignants constatent que la vaccination est bel et bien autorisée deux mois après une infection. Va donc pour la piqûre, le bonbon et le petit mot sur le livre d’or en repartant.


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