par LIBERATION publié le 21 décembre 2021
A quelques jours de découper le chapon, de féliciter ses hôtes pour leurs coquilles Saint-Jacques gratinées ou encore d’entamer un débat politique houleux avec tonton Jacky, une même question revient inlassablement : «Est-ce que tu peux te faire tester avant le réveillon ?» Depuis quelques jours, laboratoires et pharmacies sont pris d’assaut : il se pratiquerait chaque jour 600 000 tests antigéniques dans les 14 000 pharmacies de France, tandis que les ventes quotidiennes d’autotests atteindraient la barre des 200 000.
De nombreux Français lèvent donc leur narine vers le ciel et suivent les recommandations du Conseil scientifique. «Pour les réunions familiales de type repas de Noël, il est recommandé de pratiquer un autotest le jour même ou un test antigénique la veille ou le jour même de l’événement», indiquait ainsi le Conseil scientifique dans son avis publié le 8 décembre. Au total, plus de 4 millions de tests de dépistage sont réalisés chaque semaine en France. «Les laboratoires, les médecins et les pharmacies testent l’équivalent de 10 % de la population française chaque semaine, ce qui n’a jamais été fait», a souligné le ministre de la Santé, Olivier Véran, devant l’Assemblée nationale mercredi.
Mais si le dépistage est fortement encouragé, il peut être parfois difficile de savoir quel dispositif adopter selon sa situation. Libération vous aide à y voir plus clair.
Les tests PCR nasopharyngés
PCR, pour réaction de polymérisation en chaîne (en anglais). Ce terme scientifique indique la manière dont le prélèvement est analysé. Le principe : chercher des traces de l’ARN du virus. Pour ce faire, un échantillon de mucus est prélevé à l’aide d’un écouvillon enfoncé jusqu’au nasopharynx, une cavité située derrière la narine.
Avantages. La probabilité de faux négatifs ou de faux positifs est très faible. Les résultats des tests PCR sont qualifiés de «sensibles», la sensibilité étant la capacité d’un test à détecter un virus. En février, la Haute Autorité de santé estimait à 92 % la sensibilité moyenne des tests PCR nasopharyngés. Les erreurs peuvent être liées à des ratés dans le prélèvement ou la manipulation des échantillons. L’apparition de nouveaux variants peut affecter la fiabilité des tests PCR, nasopharyngés ou non.
Lors de l’analyse, des séquences spécifiques du génome du virus sont recherchées : si elles ont muté, elles peuvent ne pas être reconnues. Au moins deux séquences sont recherchées pour limiter ce risque. Les fabricants de tests doivent s’assurer que leur dispositif fonctionne sur les nouveaux variants.
Inconvénients. L’analyse peut demander au moins une journée et les résultats peuvent même mettre trente-six, voire quarante-huit, heures à être disponibles. Un laps de temps qui complique son utilisation pour les personnes non vaccinées ayant besoin d’un pass sanitaire valide, seuls les tests de moins de vingt-quatre heures y donnant droit. Les tests PCR coûtent aussi plus cher lorsqu’ils ne sont pas remboursés.
Pour qui ? Le test PCR est notamment le seul test recommandé en cas de symptômes durant depuis au moins cinq jours et le seul accepté avant une opération chirurgicale. Les résultats positifs des autres types de tests doivent être confirmés par un test PCR.
Les tests antigéniques
Comme pour les PCR, les tests antigéniques sont le plus souvent nasopharyngés. Encore une fois, il faut se faire récurer la narine. Mais la méthode d’analyse est différente. Il s’agit de déposer l’échantillon prélevé sur une bande qui réagit à certaines protéines produites par le virus dans l’organisme.
Avantages. Ça va vite ! A la manière d’un test de grossesse, l’apparition de barres sur le test indique en quelques minutes s’il est positif ou négatif, sans davantage de détail.
Inconvénients. Ils sont moins précis que les PCR. Selon un avis de la HAS publié en septembre 2020, «les tests antigéniques doivent présenter une sensibilité et une spécificité minimales de 80 % et 99 % respectivement». Ce qui correspond à un risque de 1 sur 5 de résultat faussement négatif et un risque de 1 sur 100 de résultat faussement positif (la spécificité mesure la capacité du test à ne pas confondre le Sars-CoV-2 avec un autre virus). Pour que leurs tests antigéniques soient commercialisés en France, les fabricants doivent attester auprès de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) qu’ils respectent ces deux seuils.
Pour qui ? Les tests antigéniques nasopharyngés sont recommandés par la HAS, au même titre que les PCR, pour les personnes symptomatiques depuis moins de cinq jours. C’est aussi le type de test recommandé si vous êtes cas contact et ne présentez pas de symptômes. Il est plus rapide et facile d’accès, mais tout résultat positif doit être confirmé par un test PCR.
Les autotests
Les autotests sont en vérité des tests antigéniques mais ils fonctionnent avec un prélèvement fait par l’utilisateur lui-même. Un écouvillon toujours, mais qu’on enfonce moins profond dans la narine. Un test nasal donc, et non un test nasopharyngé.
Avantages. Pour peu qu’on ait acquis des kits à l’avance, on peut en réaliser quand on veut ! Notamment au plus près du réveillon de Noël ou de la Saint-Sylvestre, juste avant de se mettre en route pour retrouver sa famille ou ses amis… ou pas, selon le résultat. Comme les tests antigéniques, les résultats sont très rapides. L’autotest peut aussi être plus rassurant pour qui aurait peur de se faire inspecter la narine par quelqu’un d’autre.
Inconvénients. Ils ne sont guère précis. La règle imposée aux tests antigéniques en France s’applique aussi aux autotests : pour être commercialisés, ils doivent dépasser 80 % de sensibilité et 99 % de spécificité. Mais les autotests n’étant pas administrés par des professionnels formés, le risque d’une erreur de manipulation est plus important.
Les études sur leur fiabilité dans la vie réelle se font aussi plus rares. La HAS n’en cite qu’une seule. Dans un avis du 6 août, elle conclut à une sensibilité égale à celle des tests antigéniques. Toutefois, l’étude portait uniquement sur des autotests réalisés«sous la supervision d’un professionnel de santé». Ce n’est d’ailleurs que quand ils sont supervisés que les autotests permettent d’obtenir un pass sanitaire valide. Le gouvernement reste très prudent sur la valeur de leurs résultats, jugeant leur fiabilité «limitée».
Pour qui ? Il ne faut pas utiliser ces tests lorsque les premiers symptômes apparaissent. La HAS recommande son utilisation pour les personnes qui n’ont pas de raison de se penser contaminées. C’est le test à faire pour se rassurer avant les réveillons de Noël et du nouvel an, explique le Conseil scientifique. Il peut être réalisé, de façon supervisée, en pharmacie ou à l’entrée d’un lieu demandant le pass sanitaire. Les autotests servent aussi aux campagnes de dépistage massives, notamment pour les personnes travaillant avec un public âgé et dans l’Education nationale, où ils sont distribués à tous les élèves de sixième.
Les tests oropharyngés
Après les narines, place à la gorge. A la différence des tests nasopharyngés, le lieu du prélèvement ne se trouve pas au fond du nez mais dans une zone du fond de la gorge : l’oropharynx.
Avantages et inconvénients. Ils peuvent aussi bien être des tests antigéniques que PCR et recouvrent donc les atouts et les défauts inhérents à ces deux grandes familles de tests. Dans son avis favorable à leur utilisation, en septembre 2020, la HAS décrivait leurs résultats comme «acceptables», mais ne livrait aucune donnée. Un moins plus tôt, le Haut Conseil de santé publique citait, dans son propre avis favorable, une étude (en anglais) sur des individus ayant subi un prélèvement oropharyngé et un prélèvement nasopharyngé : une fois analysés par PCR, les deux donnaient le même résultat dans 76 % des cas, et 85,2 % chez les personnes positives.
Pour qui ? La HAS ne recommande les tests oropharyngés que dans le cadre du dépistage de masse ou le test des cas contacts asymptomatiques. Elle le recommande également pour des personnes pour lesquelles les tests nasopharyngés sont plus difficiles à réaliser, tels que les jeunes enfants, les patients très âgés, les patients ayant des troubles psychiatriques ou les personnes touchées par une déviation nasale.
Les tests salivaires
De la salive dans un tube, tout simplement. Le prélèvement, réalisé sans l’intervention d’un professionnel, se fait sans écouvillon. Le contenu du tube sera analysé ensuite.
Avantages. Echapper à l’écouvillon ! C’est pourquoi ces tests sont principalement utilisés pour les élèves des écoles maternelles et élémentaires.
Inconvénients. Le risque de faux négatif est supérieur aux tests nasopharyngés. Selon un avis de la HAS en février, les tests salivaires par PCR ont une sensibilité de 85 %, contre 92 % pour les PCR nasopharyngés. Ces tests rapides ont fait l’objet d’une alerte de la part de la HAS en juillet, indiquant qu’ils «présentent des résultats très hétérogènes variant de 30 % à 90 %, sans véritable explication».
Pour qui ? Les plus jeunes enfants pour qui le prélèvement nasopharyngé risque d’être compliqué à mettre en œuvre.
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