Publié le 24/12/21
Le sapin de Noël vous donne des boutons ? Et les décorations dans les rues des suées froides ? Si de nombreuses de personnes n’aiment pas ou plus Noël, pour certaines, ce rejet va plus loin. On les appelle les natalophobes. Un concept récent et qui pose encore de multiples questions.
C’est quoi, la natalophobie ?
Côté définition, « au sens strict, c’est une peur excessive, irrationnelle, qui va provoquer des crises d’angoisse à la vue des objets qui font penser à Noël : calendrier de l’Avent, sapin, décorations…, introduit Fanny Jacq, psychiatre et directrice de la santé mentale chez Qare, un site de téléconsultations. On englobe dans ce concept des personnes qui ne supportent pas Noël au point de déprimer, d’angoisser, de rester cloîtrés chez eux. »
Il faut dire que les raisons de détester cette période sont légion. Les deuils et les séparations, qui font que certains proches ne sont plus là pour partager la bûche. L’heure du bilan et des questions indélicates du genre « Toujours célibataire ? ». Mais surtout le décalage entre l’image parfaite d’un réveillon chaleureux, apaisé et bienveillant et la réalité des familles qui s’écharpent autour de la dinde.
« Faire un cadeau est aussi quelque chose de compliqué, renchérit Christophe Bagot, psychiatre à Paris. Non seulement il y a un effort financier, mais c’est un acte d’empathie. » Souvent source de déception… et révélateur de tensions familiales. « Le trafic des cadeaux peut être douloureux quand il montre une préférence d’un grand-parent pour un enfant. Pour trouver un cadeau adéquat, encore faut-il bien connaître la personne. L’autre peut se sentir floué ou non reconnu. Je ne me souviens pas d’un seul cadeau de ma mère que je n’ai pas mis dans un placard directement, et j’ai 63 ans ! »
Est-ce une vraie phobie ?
Mais peut-on mettre cette étiquette de « natalophobe » sur tous ceux qui détestent Noël ? « Je n’ai jamais vu personne consulter pour natalophobie, terme que j’ignorais d’ailleurs, contredit Christophe Bagot. En revanche, beaucoup de patients parlent en décembre de leur inquiétude, leur angoisse, leur dégoût de Noël, mais comme quelque chose d’accessoire. Cela renvoie à une image de contrainte, de choses à faire, de soucis. » De là à parler de phobie, il y a donc un pas. D’ailleurs le concept, récent, n’a pas encore été étudié par la médecine. « La natalophobie reste assez rare, mais ça existe !, insiste Fanny Jacq. Cela peut paraître un peu drôle de l’extérieur, mais c’est handicapant, et il est bien d’avoir donné un nom sur ce phénomène. Les patients savent qu’ils ne sont pas seuls à avoir ce problème. »
Alors, comment différencier un grincheux d’une personne phobique ? « La natalophobie est un trouble anxieux, souvent lié à un traumatisme, résume la psychiatre Fanny Jacq. Ce n’est pas simplement "Je n’aime pas les téléfilms de Noël". Certaines personnes revendiquent leur opposition à cette fête de la consommation, comme elles rejettent la Saint-Valentin. Mais le réveillon ne les met pas mal physiquement et mentalement. Un natalophobe, s’il passait décembre sans les histoires de Noël, irait bien. C’est donc distinct de la dépression saisonnière, qui commence en octobre. » Et la médecin de se remémorer l’histoire d’une patiente ayant développé une phobie des guirlandes clignotantes. « En tirant les fils en thérapie, elle a fait le lien avec un accident de vélo grave, dix ans auparavant. » En réalité, son accident n’avait rien à voir avec Noël, mais les lumières clignotantes lui rappelaient les gyrophares du Samu. « Cette patiente évitait donc Noël chaque année », reprend la psychiatre.
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