LE 23/12/2021
À retrouver dans l'émission
SANS OSER LE DEMANDER
par Matthieu Garrigou-Lagrange
La représentation de l’enfant dans la peinture n’a jamais été une évidence puisqu’il n’y avait à l’origine que très peu de portraits d’enfants ordinaires. La manière dont ils sont dépeints traduit souvent des questionnements plus larges, d'ordre religieux ou politiques.
S’il y a peu de représentations d’enfants dans la peinture du Moyen Âge, c’est notamment parce que l’infans était dans la société assez mal considéré, associé à un fou et privé du droit à la parole. Seul l’enfant Jésus faisait l’objet d’une admiration unanime, et pourtant, dans les multiples Vierge à l’Enfant qui existent, son corps ne ressemble pas à celui d’un nouveau-né. Cela s’explique d’une part par le fait que l’enfant Jésus est moins un enfant qu’un être miraculeux et d’autre part par l’interprétation religieuse à laquelle les peintres sont soumis selon le pays où ils vivent. Ainsi, alors que les Italiens veulent que l’on devine Dieu dans l’enfant Jésus, les Flamands, eux, assument cette incarnation. Dans le même esprit, les peintres de la Renaissance européenne, dès XIVe siècle, affirment nettement la dimension sexuelle du Christ dans les représentations. Un tournant décisif s’opère au XVIe siècle, puisque les peintres s’intéressent alors aux enfants particuliers, et non plus seulement à Jésus, et lui offrent la première place en faisant leurs portraits.
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