par Katia Dansoko Touré publié le 13 octobre 2021
Sous le pseudonyme de @menthe__banane sur Instagram, Jérémy Gorskie informe plus de 100 000 abonnés sur les questions de la nutrition, fait de la prévention sur les troubles du comportement alimentaire (TCA) et met en garde contre les régimes, notamment le jeûne, marketé comme «miracle».
Depuis quand le jeûne est-il aussi populaire et autant mis en avant sur les réseaux sociaux ?
Le jeûne est très présent sur TikTok depuis le premier confinement de mars 2020. Or ces pratiques font fureur chez les adolescents en plein développement physique et émotionnel. Quand une personne grosse poste une vidéo sur TikTok, elle a le droit à toutes sortes de monstruosités en commentaires qui la précipitent vers ses premiers régimes et troubles du comportement alimentaire. A cela s’ajoutent les gens qui s’improvisent diététiciens ou naturopathes et partagent leurs «régimes» dangereux quotidiennement. Et rien n’est fait contre ce type de contenus vus par des millions de personnes. Diplômé en psychologie du comportement alimentaire, j’aurai beau donner des conseils éclairés, c’est forcément le contenu spectaculaire qui sera pris en compte.
Quels dérapages avez-vous pu observer ?
J’ai pu voir une jeune femme raconter qu’elle avait perdu 14 kilos en trois semaines avec le jeûne intermittent – qu’elle fait extrêmement mal –, en cuisinant des recettes hypocaloriques. Il y a donc une perte de poids énorme qui s’accompagne de carences. D’autres décident de ne consommer qu’un repas par jour [la méthode Omad pour one meal a day, ndlr] en pensant : «Je ne fais qu’un seul repas, je peux bien me faire plaisir.» Il s’agit alors souvent d’aliments ultratransformés qui, on le sait, sont nocifs pour la santé. Si, en soi, le jeûne intermittent n’est pas dangereux, il peut y avoir des contre-indications notamment pour les personnes qui souffrent de problèmes hormonaux ou souffrant de troubles du comportement alimentaire.
De nombreuses applications promeuvent le jeûne intermittent pour maigrir…
Ce qui fait perdre du poids dans le jeûne intermittent, c’est le déficit calorique et le fait qu’il influe sur la baisse de la glycémie. Mais on peut très bien manger trois repas par jour de 8 heures à 20 heures avec un déficit calorique et maigrir aussi. Le problème, c’est que la prise de poids est toujours un symptôme et il faut en rechercher la cause : génétique, émotionnelle, médicamenteuse, environnementale, etc. Une personne qui «mange ses émotions» – car atteinte de troubles du comportement alimentaire souvent liés à la difficile gestion de problèmes affectifs – perdra du poids avec le jeûne mais le reprendra car ledit jeûne n’apprend pas à gérer ses émotions. Aucune application ne remplacera diététicien et psy. Dans tous les cas, avant de jeûner, il faut apprendre à manger.
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