PAR INGRID DUBACH-LEMAINQUE, CORRESPONDANTE À NEUCHÂTEL (SUISSE) · LE JOURNAL DES ARTS
LE 23 JUIN 2021
BERNE / SUISSE
Deux expositions bernoises rendent hommage à un artiste singulier de l’art brut, Adolf Wölfli, pensionnaire d’un asile local d’aliénés.
Voir des œuvres d’Adolf Wölfli à Berne a une résonance particulière, car c’est précisément là que le récit de l’art brut a commencé à s’écrire. Quand le peintre Jean Dubuffet, qui a forgé l’expression, en Suisse, en 1942, en compagnie du Corbusier, il ne manque pas de rendre visite aux praticiens pionniers qui associaient psychiatrie et art : le docteur Charles Ladame à la clinique Bel-Air à Genève, mais surtout le professeur Walter Morgenthaler à Berne.
Psychiatre à l’asile de la Waldau, Walter Morgenthaler s’intéresse de près à la créativité de ses patients et l’encourage, convaincu de l’effet thérapeutique de l’art. Mieux, il collectionne leurs créations. Parmi eux, Adolf Wölfli (1864-1930). L’ouvrage que le chef de la clinique publie au sujet de ce dernier en 1921, et aujourd’hui réédité 100 ans plus tard, par la Fondation Adolf Wölfli à l’occasion de ces expositions, est un modèle du genre. Ein Geiteskranker als Künstler[Un malade mental artiste] est la première étude monographique consacrée à un « fou artiste ». Elle représentait comme l’explique le commissaire d’exposition et conservateur Hilar Stadler « une affirmation audacieuse » pour son époque. Le psychiatre bernois reconnaissait en Wölfli, l’ancien garçon de ferme de l’Emmental, autodidacte et schizophrène, la stature d’un authentique artiste.
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