Maintenir un bon niveau de santé cardio-vasculaire à 50 ans diminue grandement le risque de développer la maladie d’Alzheimer.
C’est une bonne nouvelle pour la santé publique. Alors que la maladie d’Alzheimer et les autres démences touchent 50 millions de personnes dans le monde, et que ce chiffre pourrait tripler d’ici à 2030, une nouvelle étude montre qu’adopter un mode de vie sain, qui protège des maladies cardio-vasculaires, permet aussi de préserver la santé du cerveau.
Les travaux coordonnés par l’équipe EpiAgeing du centre de recherche en épidémiologie et statistiques de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) sont publiés jeudi 8 août dans le British Medical Journal. Ils concluent que les personnes de 50 ans qui adhèrent aux recommandations du Life’s Simple 7 (un score de santé cardio-vasculaire bâti à partir de sept paramètres) développent ultérieurement moins de démences. Pour chaque point gagné sur ce score allant de 0 à 14, le risque d’atteinte cérébrale diminue de 11 %. En clair, même de petits progrès dans l’hygiène de vie sont payants.
Adopté par l’Association américaine de cardiologie (American Heart Association, AHA) en 2010, le Life’s Simple 7 comporte quatre paramètres comportementaux (tabagisme, régime alimentaire, activité physique et indice de masse corporelle) et trois paramètres biologiques (glycémie à jeun, taux de cholestérol total et tension artérielle), identifiés comme les plus importants pour la santé du cœur et des artères.
Chacun étant coté 0 (niveau à risque), 1 (niveau intermédiaire) ou 2 (niveau optimal), l’outil permet de calculer un score de 0 à 14, reflétant le niveau de protection vis-à-vis des maladies cardio-vasculaires – principalement infarctus du myocarde et accidents vasculaires cérébraux. Le Life’s Simple 7 est accessiblegratuitement sur le site de l’AHA, environ 100 000 personnes ont créé un profil.
Effet neuroprotecteur
Selon ces critères, une santé cardio-vasculaire optimale (score maximal) correspond ainsi à un individu qui n’a jamais fumé ou a arrêté depuis plus d’un an, avec un poids normal (indice de masse corporelle inférieur à 25 kg/m2), un régime alimentaire varié et sain, et une activité physique conforme aux recommandations de l’Organisation mondiale de la santé (soit plus de 150 minutes par semaine d’activité d’intensité modérée ou 75 minutes d’intensité soutenue).
Sur le plan biologique, le cholestérol total est inférieur à 200 milligrammes par décilitre (mg/dl), le taux de glucose à jeun est sous la barre des 100 mg/dl et la tension artérielle normale – inférieure à 120/80 millimètres de mercure (mmHg).
Pour évaluer si ce score est aussi prédictif du risque de maladie d’Alzheimer et d’autres démences, Séverine Sabia, chercheuse à l’Inserm et à l’University College of London, et ses collègues l’ont calculé – avec des paramètres légèrement modifiés pour les besoins de l’étude – chez près de 7 900 fonctionnaires britanniques de la cohorte Whitehall, à l’âge de 50 ans. Avec un suivi moyen de vingt-cinq ans, 347 cas de démences ont été enregistrés.
Par rapport au groupe ayant un niveau de santé cardio-vasculaire faible (score de 0 à 6), les individus ayant un niveau intermédiaire (score de 7 à 11) et ceux ayant un niveau optimal (12 à 14) avaient un niveau de risque de démence abaissé de respectivement 39 % et 43 %.
Cet effet neuroprotecteur était retrouvé chez les personnes ayant développé une maladie cardio-vasculaire, mais aussi chez celles restées indemnes d’accident cardio-vasculaire. « Nos résultats suggèrent qu’à 50 ans les sept paramètres du Life’s Simple 7 contribuent de façon synergétique à la protection contre la maladie d’Alzheimer et les autres démences. La baisse de risque est évidente dès un niveau intermédiaire du score », souligne Séverine Sabia.
« Jamais trop tard pour s’y mettre »
En août 2018, l’équipe de Cécilia Samieri (Inserm, Bordeaux Population Health Research Center) avait publié dans le Journal of the American Medical Associationune étude comparable à partir de la cohorte française des Trois Cités, lancée en 2000, qui inclut 10 000 personnes âgées de 65 ans et plus. Le score Life’s Simple 7 avait été mesuré à l’âge de 65 ans, et s’était montré prédictif du risque de démence avec un suivi de quinze ans. « Nous avions obtenu la même amplitude de résultats avec une baisse de risque de 10 % par point supplémentaire au score, mais la force de cette nouvelle étude est d’avoir appliqué ces paramètres plus tôt, à 50 ans », commente Cécilia Samieri.
Par rapport au groupe ayant un niveau de santé cardio-vasculaire faible (score de 0 à 6), les individus ayant un niveau intermédiaire (score de 7 à 11) et ceux ayant un niveau optimal (12 à 14) avaient un niveau de risque de démence abaissé de respectivement 39 % et 43 %.
Cet effet neuroprotecteur était retrouvé chez les personnes ayant développé une maladie cardio-vasculaire, mais aussi chez celles restées indemnes d’accident cardio-vasculaire. « Nos résultats suggèrent qu’à 50 ans les sept paramètres du Life’s Simple 7 contribuent de façon synergétique à la protection contre la maladie d’Alzheimer et les autres démences. La baisse de risque est évidente dès un niveau intermédiaire du score », souligne Séverine Sabia.
« Jamais trop tard pour s’y mettre »
En août 2018, l’équipe de Cécilia Samieri (Inserm, Bordeaux Population Health Research Center) avait publié dans le Journal of the American Medical Associationune étude comparable à partir de la cohorte française des Trois Cités, lancée en 2000, qui inclut 10 000 personnes âgées de 65 ans et plus. Le score Life’s Simple 7 avait été mesuré à l’âge de 65 ans, et s’était montré prédictif du risque de démence avec un suivi de quinze ans. « Nous avions obtenu la même amplitude de résultats avec une baisse de risque de 10 % par point supplémentaire au score, mais la force de cette nouvelle étude est d’avoir appliqué ces paramètres plus tôt, à 50 ans », commente Cécilia Samieri.
Pour la chercheuse de Bordeaux, ces résultats vont dans le sens des conceptions actuelles sur la maladie d’Alzheimer, avec des facteurs de risque qui s’accumulent tout au long de la vie et sont particulièrement importants à partir de la quarantaine.
« Les démences et les maladies cardio-vasculaires sont des pathologies de l’environnement avec des déterminants communs. Avec une hygiène de vie parfaite, 80 % seraient évitables, mais cette étude montre qu’il n’est jamais trop tard pour s’y mettre », se réjouit la professeure Claire Mounier-Vehier (Institut cœur poumon, CHU de Lille), qui n’a pas participé à ce travail. La cardiologue, présidente sortante de la Fédération française de cardiologie, relève aussi que « même une observance modérée est efficace, ce qui peut permettre de réconcilier la notion de prévention et de plaisir ».
Faut-il d’ores et déjà traduire le Life’s Simple 7 et le proposer à la population, pour inciter les Français à améliorer leur hygiène de vie et baisser ainsi leurs risques de maladie cardiaque ou de démence ?
Stratégie de prévention
« L’un des points forts de cet outil est de délivrer un message positif, incitant à cumuler les bonnes attitudes plutôt que de faire peur avec les risques, poursuit Cécilia Samieri. Mais, pour l’instant, il est plus destiné à la recherche qu’à une utilisation grand public. » S’agissant de l’alimentation et de l’activité physique, les critères sont difficiles à autoévaluer de manière objective, selon elle, et il faudrait probablement les adapter. « En cardiologie, les médecins travaillent sur différents outils pour stratifier les risques le plus finement possible, mais il faut aussi modéliser des scores accessibles au grand public », estime Claire Mounier-Vehier.
« Le test Life’s Simple 7 s’inscrit dans le mouvement actuel, qui cherche à prendre en compte la globalité des risques concernant la santé, quitte à être moins précis sur certains items, la quantification du LDL cholestérol [“mauvais cholestérol”] par exemple », ajoute Thierry Couffinhal, professeur de cardiologie et directeur d’une unité de recherche Inserm (Bordeaux), qui va prochainement tester ce score chez les malades de son service.
Au-delà de la prévention primaire dont le but est d’éviter des maladies par la réduction des facteurs de risque existants, et secondaire, pour éviter des récidives d’accidents, se dessine une stratégie de prévention plus en amont, dite primordiale. « C’est une approche populationnelle, qui vise carrément à prévenir l’apparition des facteurs de risque, par exemple avec la promotion de l’activité physique, l’interdiction de fumer dans les lieux publics, la réduction de la teneur en sel des aliments », détaille Claire Mounier-Vehier. Une conception de la santé plus comportementale, moins médicamenteuse. Toute une révolution.
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