L’espérance de vie ajustée en fonction de l’état de santé (EVAS) fait partie des indicateurs utilisés pour évaluer l’espérance de vie. Il donne le nombre moyen d’années de vie en bonne santé auquel peut s’attendre un individu, en se basant sur l’expérience moyenne d’une population. La mesure englobe la durée de vie (mortalité) et la qualité de vie (morbidité).
Des travaux ont étudié les changements de l’EVAS à la naissance (EVAS 0) dans le monde au fil du temps. Le rôle de causes spécifiques sur ces changements n’est toutefois pas parfaitement établi et n’a pas été déterminé à l’échelle de la planète. Or, selon la théorie de la transition épidémiologique, les facteurs d’amélioration de la santé varient d’un pays à l’autre, en fonction des différents stades propres à chaque pays. Une équipe chinoise a comparé la contribution de 306 pathologies aux changements de l’EVAS 0 entre 1990 et 2013, dans 187 pays répartis dans 21 régions du monde.
Pour l’ensemble des pays considérés, l’espérance de vie en bonne santé a augmenté de 5,49 ans entre 1990 et 2013. Cela est principalement le fait d’un meilleur contrôle des maladies transmissibles, des pathologies maternelles et néo-natales et des problèmes nutritionnels (3,10 ans ; 56,47 %). Viennent ensuite les maladies non transmissibles, dont le contrôle a permis d’améliorer l’EVAS 0 de 1,65 an (30,05 %), puis de la prise en charge des traumatismes (0,75 an ; 13,67 %). Cependant, l’EVAS 0 a diminué dans 11 pays pendant cette période.
Le top 10 des contributeurs positifs et négatifs
Le top 10 des « contributeurs positifs » à l’amélioration de l’EVAS à la naissance comprend les prises en charge des diarrhées, infections respiratoires basses, cardiopathies ischémiques, tuberculose, complications des naissances prématurées, pathologies cérébro-vasculaires, bronchopathies chroniques obstructives, rougeole, anémie par carence en fer et tétanos.
Le top 10 des « contributeurs négatifs » est quant à lui composé des infections par le HIV, du diabète, des insuffisances rénales chroniques, des céphalées primaires par surconsommation médicamenteuse, des dépressions, des pathologies musculo-squelettiques, des toxicomanies, des pathologies pulmonaires interstitielles et de la sarcoïdose, des hémoglobinopathies et anémies hémolytiques et de la maladie d’Alzheimer et autres démences.
Sans surprise, il apparaît des différences entre les pays à hauts revenus et ceux à faibles revenus, avec quelques chevauchements dans les contributeurs, comme pour le HIV et le diabète, qui ont un impact négatif dans tous les pays. Mais l’analyse retrouve aussi des contributeurs positifs importants dans les pays à haut revenus qui deviennent contributeurs négatifs dans les pays à faibles revenus, comme par exemple les pathologies cérébro-vasculaires ou les cardiopathies hypertensives.
Cette étude très détaillée apporte de nombreuses informations sur l’impact de facteurs spécifiques sur l’état de santé des populations. Elle pourrait inspirer les politiques de santé, en ciblant les points sur lesquels concentrer les efforts. Pour les auteurs, c’est le cas par exemple de l’infection à HIV pour laquelle des politiques de santé efficaces peuvent jouer un rôle décisif pour en stopper les conséquences délétères.
Dr Roseline Péluchon
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