Avec une prévalence variant « entre 3 % et 19 %, selon les pays et les critères d’évaluation », le syndrome dépressif du post-partum constitue un problème de santé publique d’autant plus important qu’il peut aussi affecter les enfants des mères concernées dont les facultés pour s’occuper correctement de leur bébé s’avèrent souvent compromises par les conséquences de la dépression : asthénie, troubles du sommeil, apathie, taedium vitae (désaffection profonde de l’existence)...
Réalisée à l’Université de Pelotas (au Brésil), une revue systématique d’études longitudinales évalue l’incidence de la dépression maternelle (péripuerpérale) sur la croissance de l’enfant. Explorant les grandes bases de données médicales (PubMed, Web of Science, etc.) « sans limite de date ni de langue » pour les publications recherchées, les auteurs ont recensé près de 10 000 articles avec des mots-clefs comme « dépression maternelle » ou « dépression du post-partum. » Ils ont retenu finalement 20 publications pour une analyse approfondie (2 études de cas et 18 études de cohortes recouvrant des populations de plusieurs continents : Afrique, Amérique, Asie, Europe).
Risque plus important de retard staturo-pondéral
Ils constatent que c’est pendant la première année de vie que l’évolution de l’enfant a le plus de risques d’être affectée par un tel contexte de dépression maternelle péripuerpérale : les enfants nés d’une mère dépressive ont alors « un risque plus important d’avoir un poids insuffisant (underweight) et/ou un retard de croissance (stunted). » Mais même après les douze premiers mois, un antécédent maternel de dépression péripuerpérale demeure encore « associé avec une altération de la croissance linéaire de l’enfant ».
L’intérêt de ce type d’étude pour la santé publique consiste à remettre l’accent sur un facteur important, certes, mais surtout sur lequel on peut agir concrètement : la possibilité de traiter les dépressions maternelles offre non seulement un intérêt thérapeutique individuel pour les femmes concernées, mais elle présente aussi un impact préventif, très favorable, dans l’épidémiologie des retards staturo-pondéraux des jeunes enfants.
Dr Alain Cohen
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