Vous pourriez jurer qu'un des morceaux de rap français les plus connus crie "Assassins de la police" ? Vous parieriez même que c'est de NTM ? La preuve : une génération entière l'a embarqué des salles de concert jusqu'en manif ? En fait, c'est faux, mais c'est plus compliqué que ça.
Samedi 8 décembre à Paris en début de soirée, tandis que la foule de la “Manif Climat” commence à s’égayer pour quitter la place de la République, quelques grappes s’entassent dans une rame de métro. Un petit groupe entonne “Assassins de la police”. “Un classique”, croit savoir un voyageur qui répond ("Woop, woop") avant d’échanger entre inconnus sur l’intensité de la réplique des forces de l’ordre.
L’inconnu du métro parisien n’a pas complètement tort : “Assassins de la police” fait aujourd’hui office de classique, et vous l’avez sans doute déjà entendu, entonné par une foule, ou dans une soirée qui chauffe un peu. Sauf que... le morceau n’existe pas. Il ne relève certes pas d'une pure fiction, mais plutôt d'une hallucination auditive à très grande échelle. Oui, toutes ces années où vous avez hurlé “Assassins de la police” en sautant sur la piste de danse... mais non : en vrai, le morceau n’existe pas.
1993 et les sirènes du Bronx
Ce qui existe, c’est un titre original de KRS One, un rappeur américain du Bronx, un quartier de New-York, qui a aujourd’hui dépassé la cinquantaine. Iconique, son morceau s’intitule That’s the sound of da policeet il remonte à 1993. Traduit (c’est toujours moins bien), le refrain donnerait quelque chose comme ça :
Woop, woop !C'est le son de la police !Woop, woop !C'est le son de l'animal !Woop, woop !C'est le son de la police !Woop, woop !C'est le son de l'animal !
Dans les couplets, les officiers de police deviennent des contre-maîtres (“overseer”) et il est question de harcèlement policier, de bavures (“Ceci doit cesser / Parce que l’on devient enragé au son de la police"). On est dans un registre à charge, pas de doute :
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