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mardi 18 septembre 2018

« La psychiatrie vit aujourd’hui une grave crise » selon Adeline Hazan

Paris, le lundi 17 septembre 2018 - Dans une tribune publiée dans Le Monde, Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privations de liberté, dénonce le tournant sécuritaire pris par la psychiatrie depuis quelques années et la part trop importante de l’enfermement et de la contention.

De nombreux hôpitaux psychiatriques ont connu ces derniers mois des mouvements sociaux. Si les soignants demandent généralement plus de moyens et de meilleures conditions de travail, la crise de la psychiatrie n’est pas là, selon Adeline Hazan. Dans cette tribune, le contrôleur général des lieux de privation de liberté estime que la priorité en la matière est de remettre en question la culture de l’enfermement qui domine dans la psychiatrie.

Adeline Hazan part d’un constat : après un mouvement libéral dans les années 1960, la psychiatrie a pris depuis une dizaine d’année un tournant sécuritaire, qui s’est concrétisé par la création en 2011 de l’hospitalisation sans consentement pour péril imminent à la demande du préfet. Depuis, le nombre d’hospitalisation sous contrainte n’a cessé d’augmenter et la France est désormais l’un des pays européens qui enferme le plus les malades psychiatriques. Des hospitalisations contraintes qui, en raison de la diminution du nombre de lit et du manque de moyens, ne sont pas réalisés dans des conditions à même de faciliter la réinsertion du patient. L’hospitalisation, censé être un intermède bref dans une optique de soin en milieu ouvert, s’éternise et se généralise.

Pour changer de paradigme, A. Hazan souhaite généraliser des modèles alternatifs à l’enfermement et réduire le plus possible l’isolement et la contention. De manière plus générale, elle espère une réévaluation complète de la prise en charge de la maladie mentale, avec notamment un meilleur accompagnement des patients au quotidien pour prévenir les crises et des hôpitaux pratiquant par principe l’hospitalisation en unité ouverte. Il faudra désormais attendre que le gouvernement s’exprime sur la réforme à venir du système de santé pour savoir si le contrôleur général des lieux de privation de liberté a été étendu et si la psychiatrie française sera réformée.

Quentin Haroche

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