13.08.2018
Le médecin a régulièrement recours à une pratique numérique en consultation pour une aide au diagnostic ou à la prescription. Il consulte des sites Internet dédiés ou spécialisés, utilisent certaines applications ou fait appel à ses confrères sur Twitter ou d'autres réseaux sociaux. Quand il n'a pas recours aux sites d'information en santé « grand public » !
Le praticien en exercice et a fortiori le jeune médecin qui s'installe ne rechigne pas à avoir une aide extérieure pour affiner un diagnostic ou trouver la juste prescription.
A titre informatif, Le Vidal vient en tête des sites les plus utilisés par les médecins généralistes soient 25,7 % des pages consultées. En seconde position viennent les sites grand public avec 8,6 % des pages vues. Les revues médicales et l’assurance maladie arrivent réciproquement en 3e et 4e positions avec 7,3 % et 7 % des sources d'information*.
Les recommandations d'une société savante
La Société française de médecine générale (SFMG) a réalisé un important travail de recensement de sites utiles en consultation pour le médecin généraliste. Ils sont portés à la connaissance des professionnels médicaux par la Société, elle-même membre du Collège de la médecine générale.
Les critères de choix critique de la SFMG ne concernent qu’une recommandation explicite avec le symbole [+] pour la pertinence en consultation, ou la langue exercée [En] pour les sites en anglais, ou enfin la gratuité ou les tarifs d’accès [€] pour les sites payants.
Organisée par spécialité cette page du site de la SFMG, pourvue en plus d’une approche diagnostique, renseigne les demandes du médecin en les renvoyant vers des sites recommandés. C’est fiable : « Nous les avons sélectionnés pour leur qualité et la valeur de leurs réponses. Nous mettons aussi en exergue sur cette page trois outils : le DReFC, le Dictionnaire des Résultats de Consultation qui s’appuie sur des recommandations ; ensuite il y a l’accès à la base THERIAQUE des médicaments ; quant au DocduDoc, il est le résultat de recherche sur Google avec 75 sites sélectionnés pour leur pertinence », précise Philippe Boisnault, président de la SFMG.
Ce que veulent les MG : des réponses
De son côté, la HAS a révisé sa copie après avoir cessé en 2013 son partenariat HONCODE, label sous forme de code de conduite développé par la fondation suisse Health On the Net(HON) - La Santé sur Internet.
Si la labellisation HONCODE n’est pas remise en question et particulièrement sa démarche de transparence et les principes d’élaboration éditoriale, la HAS ne souhaite plus valider les contenus devenus « trop versatiles, trop nombreux », rapporte son service de communication : « Une certification ne peut donner de garanties sur la qualité du contenu des sites », expliquait l’institution en 2013.
Le site sante.fr espace de confiance pour les recherches en santé, émanation du Ministère de la Santé et des Solidarités en état d’avancement sera peut-être une piste intéressante et sûre pour les praticiens.
En attendant le médecin généraliste a besoin de rapidité et d’efficacité en termes de « bruit » documentaire. « Le facteur temps devient essentiel. Il s’agit pour le praticien d’obtenir rapidement une réponse directement applicable au patient. Le délai de réponse, les sites gratuits et en langue française influencent le choix des sources retenues […]. Idéalement l’information doit être disponible sur une seule page, sans nécessité de faire défiler l’écran. Deux bons exemples de sites réunissant de telles exigences sont, le Centre de Référence des Agents Tératogènes (CRAT) et Orphanet », explique Sophie Clément Perrin en 2016 dans sa thèse*.
Des appli aux réseaux : la rapidité des échanges
Si les sites sont le ciment des recherches, les maillons de la toile se sont développés. Les applis santé à connotation médicale se sont ainsi multipliées.
Certaines applications ont même fait l’objet d’analyse, de critique. L'une d'elles, MedPics, propose un meilleur service aux médecins sur le plan diagnostic en connectant les soignants entre eux. Il s’agit de permettre de partager les cas cliniques. Plus de 20 000 soignants utilisent actuellement cette application gratuite et disponible sur App Store et Google play, qui a reçu le trophée 2017 de l'application destinée aux professionnels de santé.
Par ailleurs le réseau Ttwitter a été une révolution pour la communauté et là aussi particulièrement grâce à quelques initiatives. On peut citer le hashtag #DocToctoc : entraide, lutte contre l’isolement, ralliement, contribution, lien médical, dextérité des réponses, la communauté adepte de ce hashtag respecte l’anonymat du patient et envoie clichés, questions ou commentaires.
Le médecin cependant reste le maître unique et responsable de ses décisions médicales.
Enfin, révèlent encore plusieurs études, les sites « grand public » sont plébiscités par les médecins généralistes. Le moteur de recherche Google, « universel » conduit directement, rapidement et facilement à ces pages ! Le médecin en prend ,en laisse. « Si les jeunes médecins ont une facilité innée avec le numérique, je proposerai un conseil : ce qui va le plus vite n’est pas forcément le plus juste », conclut P. Boisnault.
Tout concorde pour affirmer que permettre aux médecins généralistes d’identifier les sites à la fois fiables et faciles d’utilisation optimiserait la pertinence de leurs démarches numériques. Qui va relever le défi ?
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