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mercredi 15 août 2018

Des greffes de neurones pour lutter contre la maladie de Parkinson

Une équipe japonaise espère générer de la dopamine dans le cerveau de sept patients volontaires pour cet essai clinique inédit.
LE MONDE  |  Par 

Le professeur Jun Takahashi annonce, le 30 juillet à Kyoto, une nouvelle technique de soin destinée aux patients atteints de Parkinson.
Le professeur Jun Takahashi annonce, le 30 juillet à Kyoto, une nouvelle technique de soin destinée aux patients atteints de Parkinson. KYODO / REUTERS
Au Japon, une stratégie inédite de lutte contre la maladie de Parkinson vient d’être lancée. Le recrutement de sept volontaires pour un essai clinique a été annoncé le 30 juillet par l’université de Kyoto. Cette première consiste à générer des neurones à partir de cellules-souches, pour les injecter dans le cerveau des patients, qui seront suivis jusqu’en 2022.
L’initiative suit les tests précliniques prometteurs effectués sur des singes dont le mouvement avait été altéré par l’administration d’une toxine. Les résultats, détaillés en août 2017 dans la revue Nature, montraient une amélioration de la motricité des primates.

La maladie de Parkinson est liée à la mort de neurones producteurs du neurotransmetteur dopamine, relais du message nerveux vers la zone cérébrale de contrôle des mouvements. La perte de la dopamine explique alors les tremblements, la rigidité, et les difficultés motrices des patients. Menés par le professeur Jun Takahashi, les chercheurs ­japonais ont trouvé la source de dopamine qui pallierait la perte : des neurones dopaminergiques (producteurs de dopamine) obtenus à partir de cellules pluri­potentes induites (iPSCs, pour ­induced pluripotent stem cells).
Eviter l’utilisation de cellules fœtales
Alors qu’elles proviennent de cellules adultes spécialisées, les iPSCs sont des cellules immatures capables de se différencier en n’importe quel type cellulaire. La transformation se déroule en deux temps pendant quelques semaines : une reprogrammation génétique pour réactiver les gènes de la pluripotence, puis une différenciation.
Mise au point en 2007, la méthode a valu à son inventeur, le Japonais Shinya Yamanaka, le prix Nobel de médecine en 2012. Avant injection, les iPSCs se différencient en progéniteurs dopaminergiques. Ensuite, cinq millions de ces progéniteurs sont introduits dans le cerveau et se spé­cialisent à leur tour en neurones dopaminergiques.
« Nous utilisons des iPSCs dérivées de cellules sanguines », précise M. Takahashi, évitant ainsi le recours à des cellules fœtales, d’usage plus limité pour des questions éthiques. En 2014, une équipe d’Harvard avait, avec succès, greffé des patients, suivis pendant dix-huit ans, avec des neurones dopaminergiques provenant de cellules fœtales.
Outre les thérapies cellulaires, un médicament prescrit pour la maladie de Parkinson est le précurseur de la dopamine, L-DOPA. M. Takahashi en souligne cependant une limite : « Au cours des derniers stades de la maladie, L-DOPA n’a plus d’effet à cause de la diminution continue du nombre de neurones dopaminergiques. » Ce à quoi la greffe de cellules dopaminergiques pourrait remédier.
Quant à la stimulation cérébrale profonde, découverte en 1983 au CHU de Grenoble, elle réduit les tremblements parkinsoniens par le truchement d’électrodes. « Elle donne de bons résultats mais la zone d’action est moins précise que lors de greffes en thérapies cellulaires ou géniques », remarque le docteur Philippe Hantraye, directeur du Centre de recherche en imagerie moléculaire rattaché au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) et à l’Inserm. En plus de réguler les fonctions motrices, cette technique peut influencer les émotions du patient.
Un traitement palliatif
Il n’en reste pas moins que la greffe de cellules programmées est, elle aussi, un traitement palliatif et non curatif. « La transplantation cellulaire masque les symptômes mais, tant que la cause de la maladie n’est pas attaquée, cela ne protège pas les neurones de la mort », explique Philippe Hantraye.
En France, où 200 000 personnes sont touchées par la maladie de Parkinson, d’autres techniques sont développées. Depuis 2014, sous la houlette du professeur Stéphane Palfi, chef du service de neurochirurgie de l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil, les médecins ont observé l’amélioration de l’état de quinze patients.
Cette équipe recourt à une thérapie génique par laquelle des vecteurs viraux modifient des cellules nerveuses pour les transformer en neurones dopaminergiques. Associé à l’étude, Philippe Hantraye confie que la phase 2 est en cours de préparation et rassemblera une soixantaine de patients.

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