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vendredi 9 mars 2018

L'infirmier de pratique avancée sera en charge de l'analyse des pratiques de son équipe

Les contours de la pratique avancée des infirmiers se précisent. Hospimedia s'est procuré copie de trois textes, dont le décret relatif aux domaines d'intervention de ces professionnels. Ils seront responsables de leurs actes et intégrés au sein d'équipes. Ils auront en outre la mission d'analyse et d'évaluation des pratiques de ces équipes.
Ce 8 mars se tenait la première réunion de concertation sur les projets de texte relatifs à la mise en place de la pratique avancée des infirmiers. Des textes très attendus par la profession, et dont la publication est annoncée pour ce printemps (lire notre article), pour permettre une mise en place rapide et l'ouverture du master dédié dès la rentrée 2018. Ce calendrier serré a pour conséquence l'ouverture de la discussion sur trois textes : un décret en Conseil d'État relatif aux domaines d'intervention, aux conditions et aux règles s'appliquant à l'infirmier de pratique avancée ; ainsi que deux arrêtés. L'un fixant les listes permettant l'exercice infirmier en pratique avancée, le deuxième fixant la liste des pathologies chroniques stabilisées que ce futur professionnel pourra prendre en charge. Hospimedia s'est procuré copie de ces projets de textes. 

Trois types de situation

L'infirmier de pratique avancée, détaille le projet de décret, pourra exercer dans trois types de situations : 
  • au sein d'une équipe de soins primaires coordonnée par le médecin traitant ou d'une équipe de soins d'un centre médical de santé des armées coordonnée par un médecin des armées ;
  • au sein d'une équipe de soins en établissements de santé, médico-sociaux ou en hôpitaux des armées et ce toujours coordonnée par un médecin ;
  • et enfin en assistance d'un médecin spécialiste, hors soins primaires, en pratique ambulatoire.
Le professionnel infirmier participe alors à "la prise en charge globale du patient, tout au long de son parcours de soins". Il collabore avec les professionnels œuvrant au sein de ce parcours. La conduite diagnostique et les choix thérapeutiques restent définis par le médecin. 

Le texte définit en outre les domaines d'intervention de l'infirmier, dont certains seront ensuite précisés par arrêtés (lire encadré). Ces domaines comprennent des activités d'orientation, d'éducation, de prévention et de dépistage. Il s'agit aussi de missions de coordination des parcours entre les soins de premiers recours, les spécialistes de recours et les établissements et services de santé ou médico-sociaux, et enfin des missions d'évaluation et de conclusion cliniques. Ces activités, souligne le projet de texte, peuvent être effectuées en présentiel ou à distance via les technologies de l'information et de la communication. Des compétences qui s'inscrivent pleinement dans la lignée du plan de renforcement de l'accès aux soins du Gouvernement (lire notre article).

Prise en charge et recherche

Par ailleurs, l'infirmier de pratique avancée pourra conduire une entretien avec le patient, réaliser une anamnèse de sa situation et procéder à un examen clinique. Il sera responsable des actes qu'il pratique. L'ambition est ainsi de lui permettre d'évaluer l'adhésion et les capacités d'adaptation du patient et de prendre en compte son environnement global. Ces patients, insiste le texte, seront orientés vers l'infirmier par le médecin, "si besoin en lien avec l'équipe". Le médecin "détermine, pour chaque domaine d'intervention, les patients auxquels sera proposé, avec leur accord, un suivi par un infirmier exerçant en pratique avancée", explicite le projet de décret. 

L'accord du patient et son information sont d'ailleurs privilégiés dans le projet de texte. Il est notamment prévu de lui remettre un document regroupant les informations concernant la composition de l'équipe et les modalités de retour à une prise en charge par le médecin. Lorsque l'infirmier repère une dégradation de l'état de santé du patient ou une situation dont la prise en charge dépasse son champ de compétence, ce dernier doit en effet adresser le patient au médecin et l'en informer. Cette coopération implique de "[partager] les informations nécessaires au suivi du patient", souligne le texte.

Enfin, l'infirmier de pratique avancée, au sein de son équipe, a aussi pour mission l'évaluation des pratiques. Il "contribue à l'analyse et l'évaluation des pratiques professionnelles, à leur amélioration ainsi qu'à la diffusion de données probantes et à leur appropriation". Il participe ainsi à l'évaluation des besoins en formation de l'équipe et propose des réponses adaptées, notamment des actions de formation. Il devient en outre un acteur clé de la recherche par sa contribution à la production de connaissances et à sa participation à des travaux dans le champ de sciences contribuant à l'exercice infirmier. 

Le champ de compétences se précise

Les actes et missions de la pratique avancée sont précisés dans deux projets d'arrêtés. Le premier détaille les actes de suivi et de prévention que l'infirmier qualifié sera désormais autorisé à demander — comme la radiographie, l'échographie-doppler, les conseils diététiques adaptés, etc. — et les actes techniques, qu'il sera désormais autorisé à pratiquer "sans prescription médicale". Le cas échéant, il pourra en outre en interpréter les résultats. Une quinzaine d'actes constituent ainsi son champ de compétence. L'ensemble des actes en question figurent en annexe du projet d'arrêté. Il contient également en annexe la liste des prescriptions médicales que l'infirmier de pratique avancée sera autorisé à renouveler ou à adapter — sont concernés les produits de santé et les actes infirmiers — ainsi que la quarantaine d'examens de biologie médicale qu'il pourra prescrire et interpréter dans les domaines de l'hématologie, de l'hémostase et coagulation, de la microbiologie, de l'hormonologie, de la biochimie, etc. Le second arrêté concerne lui plus spécifiquement des pathologies chroniques stabilisées que ce futur professionnel pourra prendre en charge et notamment pour la prise en charge des personnes âgées. Huit maladies chroniques sont concernées : l'accident vasculaire cérébral (AVC) ; l'artériopathie chronique ; la cardiopathie, maladie coronaire ; le diabète de type 1 et 2 ; l'insuffisance respiratoire chronique ; la maladie d'Alzheimer et autres démences ; la maladie de Parkinson ; et enfin l'épilepsie.
Clémence Nayrac
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