Les réveils nocturnes représentent, avec les difficultés d’endormissement, les troubles du sommeil les plus courants chez les jeunes enfants. Quand ils sont fréquents, c’est-à dire quand ils surviennent une nuit sur deux ou plus souvent, ils réduisent la durée du sommeil et son effet réparateur, et ils pourraient entraîner, à la longue, des troubles du comportement. C’est ce que suggère une étude longitudinale par questionnaires, portant sur 1 143 enfants d’âge préscolaire (1).
Ces enfants faisaient partie de la cohorte de naissances EDEN, recrutée avant 5 mois de gestation, de 2003 à 2006, dans les maternités des CHU de Nancy et de Poitiers.
Les parents ont rempli des questionnaires sur papier pour évaluer le sommeil des enfants à 2, 3 et 5-6 ans, et le Questionnaire Forces et Faiblesses [QFF] - version française du Strengths and Difficulties Questionary - afin de détecter des troubles du comportement à 5-6 ans. L’évolution de 2 à 5 ans des réveils nocturnes a été modélisée sous la forme de deux trajectoires, déterminées par une méthode statistique. Les scores des cinq échelles du FFQ ont été considérés comme « anormaux » lorsqu’ils se situaient du côté des 10 % des valeurs les plus défavorables de la cohorte.
Environ 22 % des enfants ont suivi la trajectoire des réveils nocturnes fréquents, et 78 % la trajectoire des réveils nocturnes rares. Moins de 10 % des scores des échelles du QFF se trouvaient dans la zone des valeurs les plus défavorables.
Plus de symptômes émotionnels à 5-6 ans
Dans un premier modèle, ajusté par des caractéristiques maternelles et infantiles, les enfants qui avaient suivi la trajectoire des réveils nocturnes fréquents avaient plus de risques de présenter à 5-6 ans des symptômes émotionnels (avec un score > 5), des troubles des conduites et une inattention/ hyperactivité que les enfants qui avaient suivi la trajectoire des réveils nocturnes rares (Odds Ratio [OR] respectifs : 2,17, 1,63 et 1,61). En revanche, ils n’avaient pas plus de risques de troubles dans les relations avec leurs pairs et les activités prosociales.
Dans un deuxième modèle, ajusté en plus par les résultats d’un QFF court à 2 ans, seul le risque de symptômes émotionnels restait accru dans la trajectoire des réveils nocturnes fréquents (OR = 2,02 ; IC de 95% : 1,15-3,55 ; p <0 2="" ans.="" apparus="" apr="" ce="" ces="" de="" div="" ge="" l="" mes="" que="" qui="" re="" s="" sont="" sugg="" sympt="">0>
Il n’y avait pas de différences entre les garçons et les filles.
A ne pas négliger
Ainsi, il existe une succession temporelle entre des réveils nocturnes fréquents de 2 à 5 ans et certains troubles du comportement à 5-6 ans. Cette chronologie est un argument en faveur d’une relation de cause à effet dont le substratum neurobiologique n’est pas connu. Elle incite à ne pas négliger les réveils nocturnes fréquents persistants des jeunes enfants parce qu’on pourrait éviter des troubles du comportement ultérieurs par des interventions précoces.
Les facteurs de risque de ces réveils nocturnes, qui ont été identifiés par la même équipe de chercheurs (2), se prêtent en effet à des mesures préventives, qu’il s’agisse des mauvaises habitudes d’endormissement, du temps excessif passé devant la télévision ou du tabagisme passif à la maison.
Dr Jean-Marc Retbi
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