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samedi 23 décembre 2017

Le sucre, ce poison si désirable

La médecine est formelle : notre consommation de sucre est excessive et fait de cet aliment gourmand un véritable danger pour notre santé.

LE MONDE |  | Par 
Selon l’OMS, une personne sur dix sera obèse en 2030.
Selon l’OMS, une personne sur dix sera obèse en 2030. Pixabay/CC0 Creative Commons

Il est partout – dans les gâteaux, les confiseries et les boissons sucrées, bien sûr, mais aussi dans les conserves de légumes, le ketchup et presque tous les plats préparés. En un siècle et demi, la consommation de sucre a explosé : elle est passée, en France, de 5 kg par an et par personne en 1850 à 26 kg un siècle plus tard exactement. Aujourd’hui, elle atteint 35 kg par an et par personne, soit près de 20 % de l’apport énergétique total. Aux Etats-Unis, la situation est pire encore : la consommation monte à 60 kg par personne et par an, d’après les chiffres publiés par l’Organisation internationale du sucre.


Une chose est sûre : c’est trop. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la consommation de sucres libres ou cachés – elle ne comprend pas ceux présents dans les fruits et légumes – doit se limiter à 10 % de l’apport énergétique journalier. En descendant à 5 %, on obtient même des bienfaits supplémentaires sur la santé. L’OMS insiste donc sur la nécessité de réduire ces sucres libres et cachés.

Longtemps occultés, les liens entre le sucre et les problèmes de santé sont en effet très documentés. « Nous avons des preuves sérieuses qui démontrent que contenir à moins de 10 % la consommation quotidienne de sucre réduit le risque de surpoids, d’obésité et de caries dentaires », affirmait il y a un an le docteur Francesco Branca, directeur du département de la nutrition pour la santé et le développement de l’OMS. Pour décrire le sucre, certains experts parlent de « calories inutiles », d’autres de « calories vides »« Le sucre n’est pas nécessaire du point de vue nutritionnel »,rappelle un rapport de l’OMS rédigé par le docteur Branca.


« Un aliment toxique et addictif »


Les inquiétudes des spécialistes de la santé sont d’autant plus fortes que l’obésité augmente. Ce phénomène est lié, bien sûr, à une mauvaise hygiène de vie, mais aussi à une alimentation trop riche en graisses ou en sucres : d’après les estimations de l’OMS, la part des personnes en surpoids ou obèses devrait passer de 47 % en 2012 à 67 % en 2030. Conséquence : le nombre de diabétiques devrait atteindre 629 millions de personnes en 2045, soit une personne sur dix. Dans l’hebdomadaire Le Point du 19 octobre, le professeur de microbiologie Didier Raoult estime que le sucre est un« poison vendu en masse » dont « la consommation s’est répandue comme une véritable épidémie ».

Dans son livre Sucre, l’amère vérité (Thierry Souccar, septembre 2017, 400 pages, 19,90 euros), une traduction de l’ouvrage Sugar, the Bitter Truth, l’endocrinologue américain Robert Lustig considère que le sucre est « un aliment toxique et addictif ». Selon cet ouvrage qui fait suite à une vidéo postée en 2009 et vue plus de 7 millions de fois, les aliments sucrés agissent sur les hormones qui contrôlent la satiété, fragilisent la barrière intestinale et augmentent la pression artérielle, la glycémie, ainsi que l’intolérance à l’insuline. « Le fructose exerce sur le foie des effets toxiques qui sont similaires à ceux de l’alcool », pointe Robert Lustig.

En s’appuyant sur ces études, nombre d’experts en santé publique se battent pour lutter contre les sucres cachés dans les aliments et pour que les industriels réduisent le taux de fructose. Dans un article publié dans la célèbre revue Nature en 2012, trois scientifiques de l’université de Californie, à San Francisco, Robert Lustig, Laura Schmidt et Claire Brindis, plaidaient en faveur d’une taxation et d’un strict encadrement de la vente des produits sucrés. Dans une étude qui vient de sortir, l’OMS recommande en outre de restreindre le marketing, notamment quand il vise des enfants, et d’adopter un étiquetage nutritionnel – c’est la voie qu’a choisie la France, fin octobre, pour mieux informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des produits. Mais les lobbys sont tenaces.

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