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vendredi 22 décembre 2017

Les urgentistes veulent faire plier les hôpitaux qui laissent des patients la nuit sur des brancards


Plus question que des patients se voient contraints à passer la nuit sur des brancards aux urgences. Ce leitmotiv, les urgentistes entendent bien l'appliquer en faisant ouvertement pression sur les directions hospitalières. Dès janvier, Samu-Urgences de France promet ainsi de désigner au grand jour les dix meilleurs et plus mauvais hôpitaux.

Les fêtes de fin d'année passées, Samu-Urgences de France (SUDF) entend mettre la pression sur les directions hospitalières en pointant les établissements qui laissent encore des patients passer la nuit aux urgences sur des brancards. Cette opération dénommée "no bed challenge" invite, sur un mode déclaratif, les urgentistes à faire remonter chaque matin avant 10 heures le nombre de patients ainsi concernés la nuit précédente, comme l'a indiqué ce 14 décembre à Paris le président de SUDF, le Dr François Braun, en marge de la 7e journée de régulation médicale. L'idée est ensuite de rendre public le nom des meilleurs et moins bons élèves avec, dans chaque cas, une liste de dix hôpitaux.

"Taper fort" pour mettre fin au "scandale"

Cette initiative fait suite à l'appel déjà lancé au printemps dernier lors du congrès Urgences 2017, au cours duquel les urgentistes ont ouvertement poussé Agnès Buzyn, alors fraîchement nommée ministre des Solidarités et de la Santé, à adopter d'ici l'hiver une politique nationale de l'aval. Un "paradigme" résumait leur message : "Plus aucun patient ne doit passer la nuit sur un brancard faute de lit d'hospitalisation." L'opération risque d'en irriter plus d'un à la FHF et dans les conférences de directeurs, ne s'en cache d'ailleurs pas le dirigeant de SUDF. Mais alors que la maladie et son traitement sont connus de longue date, cela semble, à l'entendre, le seul moyen d'enfin "peser" sur les établissements pour les pousser à agir. En clair, il s'agit bien de "taper fort" pour enfin parvenir à éviter que ne survienne chaque hiver un "scandale", pour reprendre les propos tenus au congrès Urgences par le Pr Dominique Pateron, à la tête des urgences de l'hôpital Saint-Antoine à Paris, qui relève de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP). De son côté, François Braun salue entre autres l'exemple de l'ARS Auvergne-Rhône-Alpes, qui a fait le choix d'appuyer financièrement la systématisation d'un service tampon dans tous les hôpitaux pour fluidifier l'aval des urgences.

La 7e journée de régulation médicale en bref

  • Refonte des décrets urgences de 2006 :
Tout un travail de refonte des deux décrets de 2006 (n° 2006-576 et 2006-577) sur les urgences est actuellement en cours. Un service d'accueil des urgences (SAU) doit-il rester ouvert H24 ? Si non, reste-t-il un SAU ? Quelle est la pertinence de conserver des SAU avec moins de 15 000 passages et un Smur à moins de 300 interventions ? Etc. Autant de questions, parfois épineuses médiatiquement parlant notamment, à trancher. Là où le bât blesse, c'est sur "la fenêtre de tir" extrêmement courte qui s'annonce, les ARS souhaitant intégrer les conclusions de ce travail aux prochains projets régionaux de santé (PRS). "Elles n'ont pas envie de revivre les difficultés rencontrées cet été dans certains Smur et services d'urgences, et ne veulent plus continuer à fonctionner hors cadre réglementaire", dixit François Braun. Méfiance, toutefois, prévient le président de Samu-Urgences de France, la précipitation pourrait bien bloquer le dossier. L'exemple de Gap et Digne, qui ont mis trois ans à s'entendre sur une mutualisation en nuit profonde une fois calmé "l'agitation médico-politique", est, selon lui, un exemple criant.
  • Lunettes connectées et Smur :
Quel intérêt pour les Google glass dans les Smur ? Sont-elles utilisables "en routine" ? Représentent-elles une plus-value ? D'après un travail mené par le Samu de Moselle et présenté par le président de Samu-Urgences de France, le constat global est celui d'une acceptabilité très bonne sur le terrain, d'une simplicité d'utilisation, de l'absence de gêne ressentie et d'une qualité de communication globalement correcte. Quant à l'utilité ? Elle est dans l'ensemble jugée positive pour un outil vu comme "de la télémédecine de terrain", dixit François Braun. Comme l'a laissé entendre un urgentiste de Poitiers (Vienne), l'utilisation des Google glass modifie à 25% la régulation, soit le diagnostic, soit l'orientation, soit l'engagement d'un Smur : "L'intérêt, ce n'est pas de ne plus envoyer de Smur mais de mieux l'envoyer."
Thomas Quéguiner



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