Les adolescents des minorités sexuelles (lesbiennes, gays, et bisexuels) sont davantage susceptibles de comportements suicidaires que leurs pairs hétérosexuels, rapporte une étude américaine, publiée le 19 décembre, dans le « Journal of the American Medical Association » (JAMA).
Si le lien entre comportements suicidaires et minorités sexuelles est souvent avancé, rares sont les travaux qui s'appuient sur des échantillons représentatifs nationaux. C'est l'un des traits distinctifs de cette nouvelle étude qui analyse les données de 15 624 lycéens, suivis dans le cadre d'une étude nationale sur les comportements à risque des jeunes, portée par les centers for disease control and prevention (CDC), font valoir les auteurs Theodore L. Caputi et coll., chercheurs rattachés aux universités de Pennsylvanie et de Californie.
Parmi les participants, 88,8 % se déclarent hétérosexuels, 2 % homosexuels, 6 % bisexuels, et 3,2 %, dans l'expectative (l'une des limites de l'étude est le manque de données relatives aux transgenres, lit-on).
Quelque 40 % des adolescents des minorités disent avoir eu des idées suicidaires au cours de l'année, 35 % ont préparé un suicide, et 25 % ont commis une tentative. Des taux bien plus élevés que ceux retrouvés dans le groupe des hétérosexuels (15 % ont eu des idées suicidaires, 12 % ont planifié un suicide, et 6 % l'ont tenté). En termes de risques, les adolescents des minorités sont de 2,5 à 3,4 fois plus à risque d'avoir des pensées suicidaires, ou de commettre une TS.
« La prévalence des comportements suicidaires chez les adolescents LGB est frappante. Surtout quand on sait que ces comportements sont un indicateur d'une détresse extrême », commente Theodore L. Caputi.
Les bisexuels et les femmes homosexuelles particulièrement vulnérables
En se concentrant sur les sous-groupes, les auteurs mettent en évidence la vulnérabilité des bisexuels, qui sont 46 % à penser au suicide, près de 41 % à le préparer, et 32 % à faire une TS. Chez les garçons bisexuels, les pensées suicidaires sont plus de 4 fois plus prégnantes que chez les hétérosexuels. « L'isolement, le rejet et la stigmatisation sont des facteurs de risque qui pèsent fortement sur les membres des communautés les plus fragiles », commente l'auteur principal.
Les lesbiennes sont 40 % à avoir des idées suicidaires vs 19,6 % des adolescentes hétérosexuelles ; chez les garçons, ces proportions sont de 25 % pour les gays, et de 10 % pour les hétérosexuels.
En conclusion, les auteurs appellent à une réponse globale de la part des politiques publiques, afin de prévenir les comportements suicidaires chez les jeunes des minorités sexuelles. « Les médecins devraient pouvoir dialoguer d'orientation sexuelle avec leurs patients, et leur fournir des ressources appropriées en santé mentale, tandis que les proches, enseignants, et les éducateurs devraient pouvoir identifier les signes de comportements à risque », écrivent-ils.
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