Paris, le lundi 11 décembre 2017 – Ces dernières semaines, la psychiatrie hospitalière française est apparue en crise. Ainsi, des grèves ont émaillé la vie de ces établissements et des praticiens ont écrit une lettre ouverte à l’adresse des pouvoirs publics pour mettre en lumière les difficultés du secteur. Ces différents événements ont amené la représentation nationale à porter son regard sur un monde souvent maintenu dans l’ombre.
« Des morts vivants parqués »
La première a avoir alerté sur la question est la députée LREM, Barbara Pompili, qui après une visite de l’hôpital psychiatrique Pinel d’Amiens a conclu qu’ « entre savoir que la psychiatrie rencontre des difficultés et voir des morts-vivants parqués, il y a un pas (…) Ce que j’ai vu n’est pas digne du XXIe siècle, ni du pays des droits de l’homme (…) et c’est loin d’être un cas isolé ». Elle a été invitée, mardi dernier, à débattre de ce sujet avec le premier ministre.
Elle lui a, en particulier, fait part de la maltraitance des patients, liée, selon elle, au manque de personnel.
De François Ruffin à Olivier Dassault
François Ruffin (député apparenté France Insoumise) a quant à lui publié un ouvrage « un député à l’hôpital psychiatrique », fruit d’entretien avec les patients, leurs familles et des responsables d’hôpitaux psychiatriques. Il y esquisse le portrait d’un univers à bout de souffle et a, en conséquence, déposé une proposition de loi pour que soient augmentée les budgets alloués à ces établissements de santé, qui selon ses travaux « stagnent ou diminuent, alors que le budget des hôpitaux classiques, augmente, lui, de 2 % ».
Il souhaite ainsi que le budget des hôpitaux psychiatriques « augmente à minima en proportion de celui de l’hôpital classique ».
Ce texte a la particularité d’avoir été signé par des députés de nombreux groupes, y compris par le député Les républicains, Olivier Dassault.
François Ruffin a néanmoins regretté l’absence de soutien à ce texte des représentants du groupe LREM qui ont, selon lui, interdiction de soutenir les propositions venues d’autres bancs de l’hémicycle...
Éloge de l’hospitalisation en psychiatrie
Paradoxalement, alors que la gauche s’est souvent fait l’écho des thèses antipsychiatriques, il semble que la tendance, soit, désormais, dans ce bord de l’échiquier politique, à un éloge de l’hospitalisation en psychiatrie ! Il est ainsi regretté par les soutiens de la proposition de loi de François Ruffin la fermeture de 50 % des lits en trente ans en raison du fait que les patients seraient mieux traités dans des structures alternatives… De, plus il est pointé la mauvaise utilisation des lits qui restent « certaines personnes autistes par exemple se retrouvent dans ces hôpitaux psychiatriques en longue durée parce qu’il n’y a rien d’autre à proposer », regrette encore François Ruffin.
Le ministère a quant à lui réagit en annonçant la distribution d’une enveloppe de 44 millions d’euros…pas sûr que cela soit suffisant pour éviter le naufrage de la psychiatrie hospitalière.
Xavier Bataille
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