On sait que les sujets souffrant d’une affection psychiatrique présentent un « risque de mort prématurée » plus élevé que la population générale. Cette surmortalité est confirmée par une étude de cohorte, réalisée au Danemark sur une population née entre le 01-01-1967 et le 31-12-1996 (soit un effectif approchant 1,7. 106 de personnes).
Les auteurs ont examiné l’évolution des sujets hospitalisés en psychiatrie après l’âge de 15 ans (485 99 personnes dont 51,4 % de femmes). Dans 70 % des cas, la durée de cette première hospitalisation en psychiatrie est inférieure ou égale à un mois. La question principale concerne le risque significatif de mort prématurée survenant à court terme (moins d’un an) après la sortie du service de soins psychiatriques : comparativement à des sujets sans antécédent d’hospitalisation en psychiatrie, est-il plus important ?
Le risque de mort non naturelle est trois fois plus élevé
Cette étude montre que ce risque à court terme est effectivement supérieur (toutes causes de mortalité confondues) : Odds ratio (OR) =16,2 ; intervalle de confiance à 95 % (IC) [14,5–18]. Comme on pouvait le craindre a priori (vu la possibilité de suicide), le risque relatif de mort de cause « non naturelle » (OR=25 ; IC [22–28,4]) est environ trois fois plus élevé que celui concernant la surmortalité pour cause de mort « naturelle » (OR = 8,6 ; IC [7–10,7]). Sans surprise aussi, les causes de surmortalité les plus importantes sont le suicide (OR= 66,9 ; IC [56,4–79,4]), les décès liés à l’alcoolisme (OR=42 ; IC [26,6–66 ,1]), et les contextes de toxicomanie, responsable d’un accroissement marqué de la mortalité (OR=24,8 ; IC [21–29,4]). Et le risque global de décès prématuré se révèle « nettement supérieur durant la première année » suivant l’hospitalisation en psychiatrie « qu’au-dela de cette première année. »
Commentant ces constats édifiants, les auteurs estiment que le médecin traitant a un rôle très important à jouer dans la prise en charge globale pour assurer la continuité des soins après le séjour à l’hôpital et comme « intermédiaire avec les services plus spécialisés ». Et la réduction significative de la surmortalité menaçant ces patients implique de développer des « programmes d’intervention précoce » contre le mésusage de l’alcool et contre l’addiction à d’autres drogues.
Dr Alain Cohen
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