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mercredi 19 avril 2017

Une étude pointe la nécessité de détecter et prendre en charge précocement les troubles de l'humeur

 - HOSPIMEDIA
Une étude de Santé publique France souligne l'importance de détecter et prendre en charge précocement les troubles de l'humeur, dépressifs ou bipolaires notamment, afin d’éviter leur chronicisation et le passage à l’acte suicidaire. Des disparités régionales importantes de prise en charge sont observées, relevant de multiples facteurs.
Une étude réalisée par Santé publique France, parue dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) du 18 avril (à télécharger ci-dessous), réalise un descriptif de la prise en charge des patients atteints de troubles de l’humeur dans les établissements de santé ayant une activité autorisée en psychiatrie en France métropolitaine. Ce travail, réalisé à partir de la base nationale de recueil d’information médicalisée en psychiatrie (RIM-P), a inclus toutes les personnes hospitalisées ou prises en charge en ambulatoire dans ces établissements entre 2010 et 2014 et pour lesquelles un trouble bipolaire ou un trouble dépressif a été noté en diagnostic principal ou associé.

Des taux de prise en charge très variables en région

Chaque année, le nombre de patients pris en charge pour trouble bipolaire (TB) se situe entre 80 000 et 95 000, tandis que ceux pris en charge pour trouble dépressif (TD) sont trois à quatre fois plus nombreux, entre 320 000 et 350 000. Parmi les patients atteints de TD, environ les trois quarts présentent un épisode dépressif caractérisé et 20% ont un trouble dépressif récurrent. Ces répartitions ne sont pas différentes selon les années. Pour les TD comme pour le TB, les taux sont systématiquement plus élevés chez les femmes que les hommes. En 2014, les taux de prise en charge pour TD étaient de 564,8 pour 100 000 personnes, plus élevés chez les femmes (698,3 contre 421,5 chez les hommes). Ils ont peu varié au cours de la période étudiée. En 2014, les taux de prise en charge pour TB étaient de 157,1 pour 100 000 personnes (190,3 chez les femmes et 120,8 chez les hommes). Une augmentation annuelle de 2,6% a été observée chez les hommes et de 3,4% chez les femmes entre 2010 et 2014. Pour les TB comme pour les TD, les taux les plus élevés se retrouvent chez les hommes et les femmes âgés de 50 à 54 ans. Tous sexes confondus, des taux de prise en charge supérieurs de 20% au taux national ont été observés en Bretagne et en Bourgogne-Franche-Comté pour les TD et dans le Sud-Ouest pour les TB. "Les disparités régionales dans la prise en charge des TD et des TB par les établissements sont importantes, avec des taux allant presque du simple au double", relève l'étude.

Des disparités régionales multifactorielles

Toutefois, ces disparités ne peuvent être "entièrement attribuées à des variations de prévalences" selon les régions, développe Santé publique France. Ces disparités peuvent être aussi dues à une différence dans l’offre de soins et dans la prise en charge de ces troubles par des établissements de santé. Enfin, une différence dans les pratiques de codage des troubles "ne peut pas être exclue, la concordance diagnostique semblant meilleure pour les TB que pour les TD", expliquent les auteurs. Malgré leurs limites, les bases médico-administratives constituent "une source intéressante" pour la surveillance en santé publique, poursuivent-ils. Cependant, le recueil des données socio-démographiques "reste limité au sexe, âge et lieu de résidence ; aucune donnée n’est collectée sur l’activité professionnelle, le handicap, le lieu de vie et la situation familiale, susceptibles d’avoir un impact sur les troubles étudiés". Par ailleurs, cette étude n’inclut pas les personnes consultant exclusivement un médecin libéral, généraliste ou psychiatre, pour lesquelles il pourrait s’agir de pathologies moins sévères ou stabilisées. Enfin, l’utilisation des données d’affections de longue durée (ALD) et de remboursements médicamenteux associée aux données hospitalières est maintenant possible via le Système national d’information interrégimes de l’assurance maladie (Sniiram). "Toutefois, en ce qui concerne les TD, les premières investigations indiquent qu’il est difficile de les individualiser de façon complètement fiable à partir des données du Sniiram et que des études de validation des algorithmes sont nécessaires", commente Santé publique France.

Éviter la chronicisation et les suicides

En conclusion, les auteurs rappellent que les troubles de l'humeur, dépressifs et bipolaires, représentent un "réel fardeau" en termes de santé publique. Par conséquent, il est nécessaire de "poursuivre et de consolider leur surveillance épidémiologique" à partir de l’exploitation des données de prise en charge des patients, ce qui permettra, d’une part, de compléter les informations issues des enquêtes déclaratives et, d’autre part, d’analyser des informations sur les comorbidités associées. Ils indiquent que "des actions de détection et de prise en charge précoce des troubles de l’humeur devraient être mises en place d’afin d’éviter la chronicisation des troubles et le passage à l’acte suicidaire".
Caroline Cordier
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