Plus de 70 médecins, psychiatres, pharmaciens et internes au CH de Montfavet, établissement psychiatrique situé à Avignon (Vaucluse) signent à leur tour un appel pour défendre la psychiatrie publique. Après le manifeste des 166 psychiatres et médecins du CH du Vinatier à Bron, près de Lyon (Rhône), en février dernier (lire notre article), qui avait révélé "avec tant de vérité la souffrance de la psychiatrie publique et l'épuisement moral (et parfois physique) du personnel médical et paramédical", le collectif du CH avignonnais souhaite en effet s'associer à cette démarche. "Nous voulons sensibiliser candidats et électeurs à ces réalités de la psychiatrie et de la pédopsychiatrie publiques, absentes des débats citoyens et pourtant massivement sollicitées comme "expertes" dans l’analyse de tout désordre social", écrivent-ils.
Ils affirment ainsi leur "volonté de défendre [leurs] pratiques hospitalières et [leurs] valeurs cliniques" et refusent "d'accepter avec défaitisme une situation présentée par nos instances tutélaires (dont l'ARS) comme "sans autre choix" qu'un appauvrissement programmé de l'hôpital public, au détriment systématique des patients et de [leur] déontologie". Les contraintes budgétaires dans le domaine de la santé "entraînent une rationalisation des tâches et du travail selon des logiques productivistes, mais qui s'avèrent en réalité improductives", expliquent les signataires. Ils soulignent que "cette "tyrannie des économies comptables", dénoncée par [leurs] collègues, maltraite les patients et le personnel qui les soigne". Depuis 2007, au gré des différentes réformes de santé, la psychiatrie adulte et infanto-juvénile est ainsi "prise en étau entre des contraintes économiques, juridiques et sociétales croissantes et des attentes sanitaires de plus en plus exigeantes".
Entre réduction des effectifs soignants, multiplication des procédures administratives et médico-légales, mais par ailleurs, "augmentation exponentielle" des demandes de soins psychiques dans le secteur public et uniformisation des outils psychothérapeutiques, "comment tenir ?", s'interrogent les praticiens. Ils dénoncent des "injonctions paradoxales qui rendent "fous", patients comme soignants, [les] obligeant à penser des pratiques vidées de leur sens". Le collectif évoque des "conditions d'accueil [qui] se dégradent, une disponibilité des soignants [...] mise à mal, le cœur du soin psychique qui est "non valorisé" pour ne pas dire dévalorisé", etc. Les praticiens tiennent donc par cette initiative à "réaffirmer leur engagement au service de la psychiatrie publique" et leur attachement à une offre de soinspsychiatriques "de qualité, accessible à tous, dans des conditions décentes de travail". Enfin, ils souhaitent partager cet appel avec les patients et associations qui les représentent, afin que les pouvoirs publics "se donnent les moyens de leurs ambitions".
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