L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a autorisé depuis mars 2014, l’utilisation du baclofène chez les patients alcoolodépendants en échec des traitements disponibles, par le biais d’une recommandation temporaire d’utilisation (RTU). Le but de cette étude française, menée par l’équipe du CHU de Lille, est de définir le profil des patients qui recherchent un traitement par baclofène en France pour traiter leur alcoolodépendance.
Une comparaison rétrospective entre les patients demandeurs de baclofène et les patients non-demandeurs, a été menée dans une cohorte de sujets suivis en ambulatoire et souffrant d’une dépendance à l'alcool. Tous ont assisté à un premier entretien pour leur traitement dans deux centres d’addictologie entre septembre 2012 et mars 2014. Les données concernant les caractéristiques sociodémographiques, les comorbidés psychiatriques, les dépendances, et l'alcoolodépendance ont été recueillies, ainsi que l'objectif initial de consommation et l’observance du traitement à 6 et 12 mois.
Des patients naïfs de tout traitement
Parmi les 289 patients, 107 sont demandeurs de baclofène et 182 ne le sont pas.Les seuls paramètres associés à la demande de baclofène dans les analyses multivariées sont la consommation élevée d’alcool (β = 15,4, intervalle de confiance, IC, à 95 % [0,18-30,65], p = 0,05), l’objectif initial d’une consommation contrôlée (odds ratio OR = 14,9 ; IC à 95 % [7,7-29], p < 0,0001), et l’orientation par le patient lui-même (OR = 6,6, IC 95 % [3,7-12], P < 0,0001). Les demandeurs de baclofène ont huit fois plus de chance d'être auto-référés et naïfs de tout traitement (OR = 8,8 ; IC 95 % [4,1-18,9], P < 0,0001). De plus ils sont plus susceptibles de prendre leur traitement à 6 mois (OR = 3,5, IC 95 % [1,8-6,7], p < 0,0001) et à un an (OR = 1,9, IC 95 % [1,1-3,2], p = 0,019).
En France, la perspective d’une consommation contrôlée d'alcool par le baclofène semble attirer davantage de consultations spontanées que les autres options thérapeutiques, y compris pour les patients dont l’alcoolodépendance n’a jamais été prise en charge. Ces résultats soulèvent la question de savoir si les futures stratégies de santé publique sur l'alcool devraient favoriser de façon plus importante certains aspects du traitement de l'alcool, comme la préférence du patient et les options de traitement.
Dr Claire Lewandowski
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