Les hommes et les femmes ne sont pas égaux devant la maladie. C’est le constat qu’a dressé l’Académie de médecine lors d’une conférence de presse consacrée à la parité en santé.
On sait qu’aujourd’hui globalement les femmes font une fois et demi à deux fois plus d’accidents secondaires liés aux médicaments que les hommes, ce qui représente un coût humain et financier certain. Inversement, les hommes sont moins bien traités que les femmes pour les maladies plus féminines (ostéoporose). De plus, selon Jean Francois Bach (immunologue, Paris), les maladies auto-immunes sont plus fréquentes chez la femme. Ainsiles thyroïdites sont retrouvées chez 50 femmes pour un homme, le lupus Érythémateux disséminé chez dix femmes pour un homme, les polyarthrites et les SEP sont deux fois plus nombreuses chez les femmes que chez les hommes.
Des différences physiopathologiques entre les sexes se retrouvent également dans le champ cardio- vasculaire, a expliqué le Dr Véra Regitz Zagrosek (cardiologue), qui a fondé à Berlinl’Institute of gender in medecine. Ainsi le mécanisme des infarctus est pour les femmes, beaucoup plus souvent un spasme artériel et chez les hommes une obstruction artérielle. De plus, les femmes présentent beaucoup plus de spasmes de la microcirculation non décelables avec une angiographie de routine. De même, dans l’insuffisance cardiaque, la femme présente en général une forme diastolique, alors que chez l’homme, l’insuffisance cardiaque est le plus souvent systolique.
Enfin , devant une plainte thoracique chez la femme, diverses études ont montré un retard d’arrivée aux urgences de vingt minutes par rapport à la même situation chez les hommes. Or, relève l’Académie de médecine, cette dimension n’est pas actuellement prise en compte, soit par négligence, soit par ignorance, soit parce que la plupart des mécanismes permettant d’aboutir à ces conclusions n’ont pas été élucidés.
Véra Regitz Zagrozek a, quant à elle, souligné que, dans le domaine de la recherche, la plupart des essais thérapeutiques sont effectuées sur des souris mâles, et que les médicaments qui en résultent présentent parfois pour les femmes des effets secondaires non pris en compte lors des études animales.
C’est pourquoi dans l’intérêt des patients, l’Académie nationale de médecine recommande donc de réviser les principes de la recherche fondamentale et clinique, de concevoir et/ouinterpréter les études sur l’homme ou l’animal en tenant compte du sexe, d’intégrer dans la formation des médecins et des professionnels de santé les différences liées au sexe, depasser à une médecine sexuée en veillant à ne pas céder à la tentation de hiérarchiser ces mécanismes complexes.
La Commission européenne a de son côté lancé un projet sur les maladies coronaires, consistant à colliger dans tous les états européens les connaissances de la population dans ce domaine et à émettre des fiches d'information traduites dans toutes les langues des pays de l'UE.
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