« Un médecin, rapporte un journal quotidien, a voulu vérifier ce qu’il y avait de vrai dans la croyance populaire qui veut que certaines des vingt-quatre heures du jour soient plus fatales à l’existence que certaines autres.
Il nota l’heure de la mort de 2 880 personnes de tous les âges, dans une population très mêlée, et pendant une période de plusieurs années. L’heure maximum de mort est de 5 à 6 heures du matin. L’heure minimum est entre 9 et 11 heures du matin. La mortalité est, dans le premier cas, de 40 % plus élevée que la moyenne et, dans le second, de 6, % au-dessous.
Entre 10 et 15 heures, la mortalité n’est pas très élevée. Les heures les plus néfastes sont celles qui sont comprises entre 3 et 6 heures du matin. Il nous semble que ces observations sont d’une explication facile. En effet, des tableaux de 5 000 à 6 000 décès recueillis à différentes sources par M. Haviland, et présentés en 1884 à la British Medical Association, il résulte que la mort survient dans la grande majorité des cas entre 1 et 8 heures du matin, et le minimum entre 13 heures et minuit.
D’où cette déduction pratique : que la mort arrive le plus souvent lorsque, en règle générale, les malades ne sont ni soignés, ni nourris. Par une étude attentive des cas dans leurs changements cycliques, l’heure fatale pourrait être éloignée pour beaucoup de malades, qui seraient ainsi conservés leurs amis pour exécuter ce qui est trop souvent négligé.
Plus récemment, en 1888, M. le Dr Ch. Ferre a voulu s’assurer s’il était vrai que les heures où l’on meurt le plus sont comprises entre 4 et 6 heures du matin. Il a fait relever l’heure des décès arrivés à la Salpêtrière et à Bicêtre pendant dix ans. Cette statistique ne lui a paru mettre en évidence aucun point catégorique. On y voit seulement que la mort paraît arriver moins souvent de 7 heures à 11 heures du soir.
Quant aux chiffres extraordinairement bas que l’on relève entre 11 heures et minuit, compensés par des chiffres extrêmement élevés de minuit à 1 heure du matin, ils paraissaient seulement montrer que le personnel qui quittait le service à minuit laissait autant que possible le travail à faire à ceux qui allaient le remplacer. D’après la « Médecine moderne » (1896, p. 602), la question est fort discutée. En Angleterre, MM. Finlayson et West Watson ont fait des recherches étendues sur ce sujet. De l’examen des conditions dans lesquelles se sont produits 15 000 décès à Glasgow, ils ont conclu que la mort survenait le plus souvent entre 4 et 10 heures du matin. Ce chiffre concorde avec celui obtenu à Berlin par M. Schneider, et qui porte sur 57 000 décès. D’après ce dernier auteur, c’est surtout entre 4 et 7 heures du matin que les malades meurent, tandis que pour M. Finlayson, c’est principalement de 5 à 6 heures. À Philadelphie, d’après Berens, l’heure fatale est de 6 à 7.
(La Gazette médicale de Paris, mars 1903)
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