Alors que le CHU de Rouen entre dans une phase de modernisation, il compte réorganiser ses activités et donc l'emploi. D'ici à trois ans, 130 équivalents temps plein devraient être supprimés. Un objectif dénoncé par l'intersyndicale de l'établissement qui pointe la surcharge de travail du personnel soignant et médical.
La direction générale (DG) du CHU de Rouen a présenté en comité technique d'établissement (CTE) le 2 mars dernier les actions qu'elle entend mener pour redresser la situation financière. Et ce en fonction des objectifs établis dans le cadre du plan triennal d'économies mais aussi des réorganisations internes que l'établissement va mener les prochaines années avec son plan de modernisation, a expliqué à Hospimedia le directeur général adjoint du CHU, Guillaume Laurent. Ces actions concernent la revalorisation des activités, l'amélioration des recettes et la maîtrise de la croissance de la masse salariale. Et c'est bien sur ce dernier point que l'intersyndicale* du CHU s'est mobilisée.
130 équivalents temps plein visés
Dans sa déclaration, l'intersyndicale dénonce la suppression en 2016 de 130 postes par le non-remplacement des départs à la retraite et le non-renouvellement des contrats à durée déterminée (CDD), alors que la direction souhaite augmenter l'activité de 4%. Une situation "intenable" pour les agents qui sont déjà en surcharge de travail, a indiqué àHospimedia un porte-parole de l'intersyndicale. Des lits sont fermés car le personnel n'est pas en nombre suffisant, le taux d'absentéisme dans le CHU rouennais étant parmi l'un des plus importants avec 9,7%, note l'intersyndicale dans sa déclaration. Concrètement, a souligné le porte-parole, il manque 750 personnes au sein de l'établissement tous les jours. Par ailleurs, le personnel ne peut plus prendre tous ses repos et certains sont même rappelés durant leurs congés, a-t-il ajouté. Et cette situation n'affecte pas que le personnel soignant. "Beaucoup de départs de médecins ont été constatés au CHU", a noté le porte-parole. La DG, de son côté, a indiqué effectivement que 130 équivalents temps plein (ETP) sont bien visés par son plan d'actions mais sur les trois prochaines années. D'ici à 2019, l'établissement devra revenir à la situation de 2014 en matière d'emplois, a noté Guillaume Laurent.
L'absentéisme en première ligne
L'objectif de la maîtrise de la croissance de la masse salariale a été fixé à 1,69% par le plan triennal et l'avenant au contrat pluriannuel d'objectifs et de moyens (Cpom) signé dans ce cadre avec l'ARS de Normandie. Pourtant, ces dernières années, a expliqué Guillaume Laurent, les effectifs du CHU ont augmenté avec la création sur 2010-2015 de 550 ETP. "Il est vrai que nous ne sommes plus dans cette perspective d'augmentation significative d'emplois", a-t-il précisé. Deux axes ont été prévus. Il s'agit pour l'établissement de lutter contre l'absentéisme dont le taux s'établit à 9,5%, soit 600 personnes environ par jour, a noté le DG adjoint. Le but est de diminuer d'un point ce taux en trois ans, soit l'équivalent de 80 ETP en remplacement. Des plans d'actions vont être établis et mis en place. Un diagnostic service par service est actuellement en train d'être réalisé. Le deuxième axe concerne le plan de modernisation du CHU avec les nouvelles constructions qui seront dédiées à la chirurgie ambulatoire et aux blocs opératoires. Guillaume Laurent a indiqué qu'en réduisant les hospitalisations complètes, les effectifs dédiés ne sont de fait pas les mêmes puisque le mode de prise en charge évolue ainsi que la typologie du patient. "Les effectifs diminueront dans certains secteurs et augmenteront dans d'autres", a-t-il souligné. Par exemple, la capacité sera diminuée pour l'orthopédie et la rhumatologie mais, en parallèle, de nouveaux lits en ambulatoire seront créés.
La mobilisation sur l'emploi concerne l'ensemble du CHU et de ses services. "La démarche sera progressive", a indiqué Guillaume Laurent. Et des discussions sont engagées avec les équipes d'encadrement avec lesquelles "nous réfléchissons aux missions à réviser ou à revoir". La question, au moment des départs en retraite, ne sera pas de savoir si la personne est remplaçable ou non mais plutôt de considérer son poste en fonction des missions qu'elle a réalisées, a-t-il assuré. Le sujet de la mutualisation est aussi abordé. Mais, pour l'intersyndicale, le maintien du nombre d'emplois est prioritaire et les conditions de travail doivent être améliorées. Deux conditions pour redresser la situation mais surtout maintenir la qualité des soins, a noté son porte-parole. Une assemblée générale doit se tenir ce 15 mars pour décider des actions à mener.
6 millions d'euros de déficit
Sur les 650 millions d'euros (M€) de budget du CHU de Rouen, dont 420 M€ sont consacrés au personnel, le déficit devrait être de 6 M€, a indiqué Guillaume Laurent. Pour 2016, sous réserve de la validation par les instances, il devrait être de 3 M€. De son côté, l'intersyndicale a indiqué que les recettes liées à l'activité ont augmenté en 2015 de +7,7%.
* L'intersyndicale est composée de la CGT, de FO, de Sud, de la CFDT et de la CFTC.
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