L’étude « i-share » lancée il y a plus de deux ans et demi poursuit son recrutement. L’objectif : suivre 30 000 jeunes étudiants pendant 10 ans partout en France. IST, comportements à risques mais aussi migraine, étude de la réserve cérébrale... ses objectifs sont multiples.
L’étude i-share est une étude de cohorte multidisciplinaire dont les centres de recherche se situent au sein des universités de Bordeaux et Versailles. Lauréat du programme « Investissements d’Avenir » lancé en 2009, le projet bénéficie d’un financement de 8 millions d’euros.
L’étude a deux objectifs : en santé publique, évaluer l’impact et la fréquence de certaines maladies, explorer les facteurs de risque, tester des stratégies de prévention, de dépistage et de prise en charge ; en recherche biomédicale, caractériser les déterminants de maladies telles que la migraine, la santé mentale, les IST ainsi que les comportements et consommations à risque. La biobanque de données biologiques (prise de sang), génétiques et d’imagerie permettra de réaliser des projets de recherche de pointe.
L’étude "i-share" recrute
Depuis février 2013, date de son lancement, 8 400 étudiants se sont portés volontaires. L’objectif est d’atteindre le chiffre de 30 000 d’ici 2018. Des événements tout au long de l’année sont organisés pour inciter les jeunes à s’inscrire (stands, programme "i-win" basé sur le parrainage et l’accumulation de soins transformable en cadeaux, action de prévention ). À l’inscription, l’étudiant doit remplir un questionnaire Internet anonyme, abordant sa situation personnelle et familiale, sa santé, son sommeil, son alimentation, ses pratiques sexuelles, ses consommations en médicaments ou drogues, etc. Il sera ensuite sollicité chaque année pendant 10 ans pour refaire un point et répondre à d’autres questionnaires. Sur la base du volontariat, l’étudiant pourra participer à des micro-études, des consultations santé et des examens complémentaires qui permettront de faire progresser la recherche chez cette population méconnue.
Des sous-études régulières
La maturation cérébrale est un axe principal des recherches et notamment l’étude de la réserve cérébrale qui pourrait être en lien avec la maladie d’Alzheimer. L’université de Bordeaux s’est dotée cette année, d’une IRM dernière génération, financée en grande partie par « i-share » afin de réaliser 2 000 IMR en 18 mois. « Il est maintenant admis que la réserve cérébrale se met en place chez l’adulte jeune, les études supérieures sont un facteur protecteur connu du vieillissement cérébral. Ces IRM nous permettront, entre autres, de faire le lien entre maturation cérébrale et facteurs sociaux, psychologiques et génétiques », explique le Pr Christophe Tzourio, neuroépidémiologiste à Bordeaux et investigateur principal de l’étude. « Nous étudierons également l’impact du stress et de la dépression sur des régions telles que l’hippocampe car on sait l’impact négatif de ces facteurs sur la mémoire », poursuit-il. En projet, une étude interventionnelle dont l’objectif sera de tester sur les étudiants une prise en charge et un suivi psychologique via une nouvelle application pour smartphone.
Concernant la migraine, maladie très fréquente et sous-traitée chez les jeunes, l’étude du réseau vasculaire cérébral permettra de mieux connaître sa physiopathologie. L’étude « i-share » a également un but de dépistage et d’intervention pour améliorer la prise en charge de ces jeunes patients.
Un mini check-up santé en octobre
En octobre prochain, sera lancé un « mini check-up santé » (avec prise de la tension artérielle, calcul de l’IMC, examen ophtalmologique, tests attentionnels) avec prise de sang (glycémie, bilan lipidique, etc.). « Ces résultats permettront de tester des hypothèses biologiques et génétiques, et également de dépister des malades qui s’ignorent, telles que les hypercholestérolémies familiales, encore largement sous-diagnostiqués chez les jeunes », précise le Pr Tzourio.
Concernant les IST, l’un des deux projets en cours de lancement portera sur l’étude de l’écologie du virus HPV chez 1 000 jeunes femmes, « les vaccins anti-HPV oncogènes sélectionnant des sérotypes HPV en théorie inoffensifs, des chercheurs de Versailles voudraient étudier la potentialité des souches restantes à conserver leur profil inoffensif ou à se transformer en souches agressives, ce sera une première mondiale », affirme le professeur.
Diane Damon
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