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mardi 29 septembre 2015

L’efficacité des antidépresseurs serait modulée génétiquement

22/09/2015

Constituant une grande famille de protéines transmembranaires présentes au niveau de la barrière hémato-encéphalique, les transporteurs ABC (ATP-Binding Cassette, dont le plus connu est la glycoprotéine P[1]) limitent l’entrée des médicaments dans le cerveau, en particulier de certains antidépresseurs. Comme le gène ABCB1 code pour cette glycoprotéine P, il était tentant d’examiner si son polymorphisme génétique présente une incidence concrète sur l’efficacité des traitements antidépresseurs (et sur leurs éventuels effets secondaires), en rapport avec une limitation de l’activité de la glycoprotéine P.

C’est précisément l’une des pistes explorées par une étude internationale pour « prédire l’optimisation d’un traitement antidépresseur » (iSPOT-D[2], conduite depuis décembre 2008 sur 2016 patients ayant un trouble dépressif sévère, âgés de 18 à 65 ans). Alan F. Schatzberg et coll. ont étudié le polymorphisme d’un simple nucléotide (SNP[3]) chez 683 sujets avec dépression majeure, traités pendant au moins 2 semaines par un antidépresseur dont la concentration cérébrale est susceptible d’être limitée par l’action de la glycoprotéine P (escitalopram, sertraline, venlafaxine à libération prolongée). L’efficacité de ce traitement antidépresseur a été évaluée par une échelle en 16 items  (Quick Inventory of Depressive Symptomatology–Self-report[4]). Les auteurs observent que « le polymorphisme fonctionnel en amont du gène ABCB1 (la séquence promotrice rs10245483) a un effet significatif sur la rémission (de l’état dépressif) et le taux des effets indésirables, en lien avec le traitement pharmacologique et le niveau cognitif » du patient. Les sujets "homozygotes communs" ont ainsi tendance à « mieux répondre au traitement avec l'escitalopram ou la sertraline, et avec moins d’effets secondaires », alors que les "homozygotes pour des allèles mineurs" ont plutôt une « meilleure réponse à la venlafaxine et moins d’effets latéraux » avec ce médicament, surtout en cas de troubles cognitifs associés.
Illustrant l’intérêt croissant de la pharmacogénétique pour évaluer l’influence du génotype sur la variabilité de la réponse à un traitement médicamenteux, cette recherche confirme que « le polymorphisme fonctionnel rs10245483 affecte différemment l’efficacité du traitement et ses effets secondaires en fonction de l’antidépresseur » prescrit. De plus, le pouvoir prédictif de cette donnée pharmacogénétique n’est pas diminué par la présence d’une déficience cognitive, parallèlement aux troubles dépressifs.
Dr Alain Cohen
RÉFÉRENCE
Alan F. Schatzberg Alan F et coll.: ABCB1 genetic effects on antidepressant outcomes: a report from the iSPOT-D trial. Am J Psychiatry, 2015; 172: 751-759.
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