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Dans la manifestation du 23 septembre 2014 à Paris. Photothèque rouge/JMB
Nous publions dans ces pages le témoignage d’une infirmière sur la dégradation des conditions d’exercice de son métier. Elle décrit une souffrance au travail généralisée, due à l’intensification du travail, à la désagrégation des collectifs de travail et à la perte de sens que vivent les personnels soignants, transformés en « producteurs de soins » à la chaîne. Mais n’en doutons pas : la révolte couve.
J’ai suivi tardivement la formation d’infirmière en IFSI (Institut de formation en soins infirmiers), j’avais 45 ans. Je pensais que mon activité serait centrée autour du patient qui bénéficiait d’une prise en charge globale. Mais j’ai vite compris, dès le début de ma formation, que ce serait le contraire, qu’on allait me demander d’être efficace au sens économique du terme, de passer le moins de temps possible auprès du malade.
J’ai ressenti du mépris humain envers la fonction. On nous enseigne des connaissances mais on nous formate aussi. L’arrivée en stage dans un service est très stressante. Dans le service de cardiologie où j’étais, nous étions neuf élèves avec une infirmière qui nous donnait des ordres et on avait très peu de marge pour en discuter, d’autant plus qu’à la fin du stage on est évalué par cette même infirmière. J’ai pris conscience assez rapidement que les choses n’allaient pas se passer comme je les avais rêvées. Et dès que j’ai commencé mon exercice d’infirmière, je n’ai pas du tout retrouvé les méthodes, les valeurs et l’attention portée autour du patient auxquelles j’aspirais en devenant soignante. Le temps passé auprès des patients m’a été reproché dès ma première évaluation.
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