C’est un nouvel outil thérapeutique dont devraient bientôt bénéficier les quelque 10 millions de Français atteints d’une des trente affections de longue durée (ALD). Grâce à l’amendement porté notamment par l’ancienne ministre des sports Valérie Fourneyron, adopté le 10 avril dans la loi santé, les médecins pourront prescrire aux patients en ALD des activités physiques adaptées. Celles-ci seront dispensées par des organismes labellisés, sous la supervision d’éducateurs sportifs qualifiés. Reste à savoir quand et comment, concrètement, ce dispositif généralisé de sport sur ordonnance va se mettre en place.
Pour cela, le gouvernement pourra s’appuyer sur les multiples initiatives nées ces dernières années. Si, à l’Assurance-maladie, aucune mission ni groupe de travail dans ce domaine n’a débuté au niveau national, les caisses de certaines régions collaborent avec les agences régionales de santé (ARS) et d’autres parties prenantes pour soutenir des projets.
A Strasbourg, un programme, « Sport santé sur ordonnance », a ainsi débuté en novembre 2012. Coordonné par la municipalité, il inclut l’ARS, la préfecture, le rectorat… et plus de 170 médecins. Munis de leur ordonnance, les patients prennent contact avec des éducateurs sportifs, qui ont pour mission de les orienter vers l’activité physique la mieux adaptée pour eux, et de les suivre. Gratuit, le dispositif permet de toucher des catégories socialement défavorisées. Plusieurs centaines de personnes y ont déjà eu accès. Une démarche similaire a démarré à Blagnac (Haute-Garonne) en 2013. La caisse d’assurance-maladie des Hauts-de-Seine propose, depuis 2014, à certains assurés un entraînement sportif adapté, avec des séances gratuites de randonnée douce, danse, karaté…
Des mutuelles commencent aussi à se lancer. Ainsi, Swiss Life a annoncé, en septembre 2014, une offre pour tous ses assurés en ALD. Après un bilan physique, ils ont accès à un programme sportif personnalisé, gratuit pendant quelques mois. La mutuelle collabore avec le groupe associatif Siel Bleu, spécialisé dans ce domaine de l’« activité physique adaptée ». Créé en 1997, Siel bleu emploie 400 salariés, et a développé de multiples partenariats avec des municipalités, des entreprises…
Programme personnalisé
L’avenir pourrait aussi voir se développer des complexes médico-sportifs comme Mon stade. Cofondée en 2013 par un médecin du sport, Roland Krzentowski, cette société originale propose des plans d’entraînement pour améliorer sa condition physique, soit à des fins thérapeutiques, soit à des fins de performances pour des sportifs. Un bilan complet de condition physique est réalisé dans les locaux parisiens de Mon stade, avec notamment tests d’effort, tests musculaires, analyse de composition corporelle… Les clients se voient ensuite proposer un programme personnalisé sur un an avec des préparateurs physiques, pour un coût allant de plusieurs centaines d’euros à environ 2 000 euros. Une étude médico-économique est en cours auprès de 200 patients, soutenue par l’ARS Ile-de-France, dans le but d’une prise en charge.
De fait, le sport sur ordonnance doit être bien encadré. « Tout patient utilisateur de pratique sportive devrait avoir une notice d’utilisation, comme pour un médicament », résume Grégory Ninot (chercheur, université de Montpellier). Pour y voir plus clair, le Comité national olympique et sportif français (Cnosf) travaille sur un gros projet de « Vidal du sport », afin de mettre en place des protocoles d’activité dans chaque fédération sportive, pour chaque pathologie.
Les décrets d’application de l’amendement Fourneyron confirmeront-ils la volonté politique ? Ce serait une bonne nouvelle pour les malades et la santé publique, et pour l’économie. « La différence des dépenses de santé entre une personne “active” et une personne “sédentaire” se situe entre 65 et 250 euros par an », estime une étude du Conseil national des activités physiques et sportives, qui dépend du ministère des sports.
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