Simon est psychologue dans un hôpital universitaire. Il voit passer dans son bureau des gens atteints de troubles mentaux. Des gens qui ont besoin d'être soignés, écoutés, épaulés. Des gens qui ont souvent attendu des mois avant de pouvoir venir s'asseoir devant lui.
Simon est inquiet. Pas tant pour ses patients que pour tous ceux qu'il ne verra jamais. Tous ceux que ses collègues ne verront pas non plus, faute de ressources suffisantes en santé mentale. Ces patients orphelins, victimes invisibles du sous-financement des services et de restrictions budgétaires qui n'augurent rien de bon.
«Je trouve ça désolant que les soins psychologiques soient considérés comme un produit de luxe», me dit-il.
Les listes d'attente sont longues dans le réseau public, qui est aux prises avec une pénurie de psychologues. La psychothérapie est hors de prix dans les cabinets privés. Les compressions font mal. Résultat: trop de gens vulnérables n'ont pas accès à des soins essentiels.
Simon pourrait gagner deux fois plus d'argent s'il était en cabinet privé. S'il ne le fait pas, c'est qu'il croit beaucoup en l'idée d'un système de santé publique. Il ne blâme pas pour autant ses collègues qui préfèrent la pratique privée, où les conditions sont plus alléchantes. Avec la pression de toujours devoir faire plus avec moins, avec la fin de la prime de rétention, instaurée il y a trois ans afin d'enrayer la pénurie de psychologues dans le réseau public, il avoue être parfois tenté lui aussi par l'idée de troquer le public pour le privé quelques heures par semaine.
Même si c'est souvent dur, il aime son travail. Il aime par-dessus tout ces moments de grâce où, souvent après des mois d'efforts, il sent que son intervention a changé pour le mieux la vie d'un patient.
«Il faudrait que l'on reconnaisse que ce n'est pas un luxe, souligne-t-il. Ce n'est pas une dépense. C'est un investissement. La maladie mentale coûte beaucoup plus cher quand elle n'est pas traitée.»
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