Devant les présidents de CME et directeurs de CHU et de CH, Marisol Touraine est revenue mercredi sur le
« défi » de la maîtrise programmée des dépenses de santé, à savoir la quête de 10 milliards d’euros d’économies d’ici à 2017 pour l’assurance-maladie (en vertu du pacte de responsabilité et de solidarité).
Cette exigence forte va se traduire par des ONDAM « historiquement bas » dans les trois ans qui viennent (2,1 % en 2015, 2 % en 2016 et 1,9 % en 2017), a rappelé la ministre de la Santé.
Pour y parvenir, Marisol Touraine privilégie la voie des « réformes structurelles » et non pas la « technique du rabot », a-t-elle plaidé.Quatre axes sont identifiés, véritable feuille de route aux responsables hospitaliers.
Capacités hospitalières à revoir
Le premier porte sur le virage ambulatoire qui commande « une forte adaptation des capacités hospitalières », a prévenu la ministre. Dans son discours aux conférences, Marisol Touraine a réaffirmé l’objectif d’un taux de chirurgie ambulatoire de 50 % dès 2016 même si l’IGAS, dans un rapport récent, se montre moins optimiste sur ce calendrier. Cet effort devra s’inscrire dans la durée : Marisol Touraine se fixe la cible nationale d’un taux moyen de 62 % de chirurgie ambulatoire à l’horizon 2020 (pour l’ensemble de la chirurgie).
Deuxième volet : l’optimisation des dépenses hospitalières. Elle passe par une « maîtrise des effectifs et de la masse salariale », mais aussi par des efforts accrus de rationalisation des achats hospitaliers, insiste Marisol Touraine. Prévu dans la loi de santé, l’engagement obligatoire de la totalité des hôpitaux publics dans un groupement hospitalier de territoire (GHT) d’ici à 2017 doit permettre de mutualiser concrètement leurs activités et de définir des projets médicaux communs. Ces GHT seront de « puissants leviers de la recomposition de l’offre de soins ».
Troisième volet : la maîtrise des prix des médicaments et la diffusion des génériques. « Il faut continuer notre travail auprès des prescripteurs, qu’ils soient en ville ou à l’hôpital », relève Marisol Touraine.
Enfin, la ministre met l’accent sur la pertinence et le bon usage des soins à l’hôpital. « En matière de prescriptions d’actes, de transports, de produits de santé, nous ne pouvons plus nous permettre de gaspiller »,a-t-elle, promettant des plans d’action régionaux dans ce domaine.
Force de persuasion
Marisol Touraine adresse enfin un message commun aux directeurs d’établissements et présidents de CME. « Il faut emporter avec vous l’ensemble de la communauté hospitalière », explique-t-elle alors que le malaise perdure sur la pénibilité à l’hôpital, le temps de travail, ou l’attractivité des carrières.
Face aux « résistances » et aux « difficultés », « il vous faudra convaincre et non imposer », suggère la ministre, invitant les uns et les autres à associer « étroitement » les élus et à tenir compte de la situation sociale des établissements.
Cyrille Dupuis
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