Le taux annuel d’overdoses d’opiacés est diminué de 25 % dans les États américains qui ont légalisé la consommation de cannabis thérapeutique, selon une étude américaine parue dans le « JAMA Internal Medicine ». Ces résultats suggèrent que l’introduction du cannabis au côté des opiacés dans l’arsenal de lutte contre les douleurs chroniques liées aux cancers ou à la sclérose en plaques limite bien les risques de mésusage d’antalgiques.
Marcus Bachhuber, de l’Université de Pennsylvanie, et ses collègues, sont parvenus à ces conclusions en compilant les données des Centre for Disease Control and prevention américains (CDC) de 50 États. Leurs travaux concernent la décennie écoulée entre 1999 et 2010, période au cours de laquelle le nombre d’États autorisant la prescription de marijuana est passé de 3 (Californie, Oregon et Washington) à 13, 10 autres États ayant adopté une législation similaire depuis la fin de l’étude, dont le District de Columbia. Les États ayant une législation en faveur de la prescription de marijuana, avaient un taux annuel de mortalité par overdose d’opiacé inférieur de 24,8 % par rapport à ceux qui n’avaient pas adopté de telles lois. En outre, cette diminution était d’autant plus importante que la loi était ancienne. Une baisse était également observée dans les états qui n’autorisent pas le cannabis thérapeutique mais qui ont recours à un programme de contrôle des prescriptions d’opiacés.
Le cannabis thérapeutique autorisé dans 23 États sur 50
En 2010, on dénombrait dans les États ayant légalisé la marijuana 1 700 overdoses d’antalgiques opiacés de moins que ce qu’ils auraient connu sans cette nouvelle législation. Les analystes expliquent qu’ils ont pris en compte les efforts de régulation des prescriptions d’opioïdes consentis par les divers États, mais aussi des facteurs sociaux comme les taux de chômage. L’étude précise cependant que 60 % des patients morts d’une overdose récensés dans les bases de données des CDC étaient en possession d’une prescription valide pour des antalgiques opioïdes. « L’adoption de lois autorisant le cannabis thérapeutique ne pourrait rien pour les 40 % restant », concèdent les auteurs.
Les mécanismes derrière cette tendance restent peu clairs et, de l’aveu même des auteurs, il n’est pas encore certain qu’il existe un lien direct de cause à effet entre accès au cannabis médical et risque d’abusd’antalgiques prescrits aux patients. Ils estiment néanmoins que leurs résultats montrent, a minima, l’existence d’un lien, et qu’il faut explorer la manière dont la prescription de marijuana influence le comportement les patients souffrant de douleurs chroniques.
Des lois très hétérogènes
Dans les États américains qui l’autorisent, le cannabis est indiqué dans le traitement symptomatique du cancer et de la sclérose en plaques. Les lois en vigueur dans ces différents États sont très hétérogènes, avec notamment des profils de patients éligibles très divers. Ces différences rendent délicate l’interprétation des résultats publiés dans le « JAMAInternal Medicine ».
« Des lois encadrant la prescription de marijuana médicale constituent une approche prometteuse pour réduire le risque d’accident lié à la prised’opioïdes », estiment tout de même Marie Hayes de l’université duMaine, et Mark Brown, du centre médical de l’est du Maine, dans un commentaire associé à l’article. Ces deux contributeurs rappellent que « la prescription d’opioïdes aux patients souffrant de douleurs chroniques est problématique. Ils provoquent des effets secondaires quand ils sont utilisés pendant de longues périodes comme l’habituation,l’hyperalgésie ou des complications gastro-intestinales ».
Damien Coulomb
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