Bien que le suicide puisse résulter a priori de multiples facteurs socio-démographiques, un contexte de troubles psychiatriques constitue l’un des éléments essentiels dans son déterminisme.
Basée sur des registres épidémiologiques à l’échelle du pays (Korean national epidemiological survey of mental disorders), une étude réalisée à Séoul (Corée du Sud) sur 6 022 adultes (âgés de 18 à 74 ans et vivant en collectivité) a comparé l’incidence des principales affections psychiatriques sur le risque de suicide, relativement à l’âge du sujet, après traitement des données par des modèles de régression logistique multiple et ajustement pour plusieurs paramètres (sexe, années d’études, statut marital, revenus, emploi, maladies somatiques chroniques, antécédents de tentatives de suicide).
Les principaux troubles mentaux dont l’influence a été recherchée en matière de “ vulnérabilité suicidaire ” sont ceux dont la fréquence se révèle la plus importante en Corée du Sud : addiction à l’alcool (13,4 % des diagnostics psychiatriques dans ce pays), troubles anxieux (8,7 %) et dépression majeure (6,7 %). Il faut noter que la Corée du Sud n’est pas forcément représentative à ce sujet, car son taux de suicide (28,1 pour 100 000 habitants) y est “ plus de deux fois plus élevé ” que le taux moyen observé dans les autres pays de l’OCDE (12,5 suicides pour 100 000 habitants), au point que les pouvoirs publics à Séoul considèrent le suicide comme un “ grand fléau social et économique. ”
Les auteurs observent que le trouble anxieux constitue un facteur de risque “ seulement pour les personnes âgées de 40 à 59 ans ”, en triplant presque ce risque (Odds Ratio [OR] = 2,83 ; intervalle de confiance à 95 % [IC] : 1,54–5,22). Chez les sujets plus jeunes (18 à 39 ans), cette incidence péjorative sur le suicide provient plutôt d’un mésusage de l’alcool (OR= 2,81 ; IC : 1,06–7,43). Quant au trouble dépressif majeur, on constate qu’il “ augmente de façon significative le risque de suicide dans toutes les tranches d’âge étudiées (18 à 74 ans, une limitation de cette étude tenant d’ailleurs au fait qu’elle n’inclut pas les personnes de plus de 74 ans).
Puisqu’une influence de l’âge se dégage ainsi dans la contribution sélective d’une pathologie psychiatrique associée au risque de suicide, les auteurs préconisent de proposer des “ stratégies de prévention spécifiques selon les groupes d’âges différents ” (sujets de moins de 40 ans, moins de 60 ans, ou plus âgés).
Dr Alain Cohen
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire