Face à la décision de l’Assistance publique – hôpitaux de Paris (AP-HP) de transférer l’activité du service d’oncologie pédiatrique de l’hôpital Raymond Poincaré (Garches) vers Ambroise Paré (Boulogne-sur-Seine), quatre membres de familles de patients ont entamé ce jeudi une grève de la faim pour dénoncer un « déni de démocratie sanitaire ».
Adressée au premier ministre Manuel Valls, une pétition en ligne contre« la fermeture d’un service qui sauve nos enfants » centralise 40 000 signatures. Le document est relayé par l’association de parents Ametist, qui soutient avec vigueur le Dr Nicole Delépine, chef du service menacé, depuis près de 15 ans.
Méthodes controversées
Adepte d’une approche individualisée des traitements et d’un refus des essais thérapeutiques systématisés chez ses jeunes patients, le Dr Delépine doit prendre sa retraite cet été. Selon elle, l’AP-HP utilise cette excuse pour tenter une nouvelle fois de fermer son service de dix lits et, en creux, de mettre fin à ses méthodes controversées depuis de longues années.
Dans sa carrière, le Dr Delépine s’est déjà retrouvée en conflit avec les directions et certains de ses confrères de Robert Debré (Paris) et d’Avicenne (Bobigny).
« J’ai honte pour l’AP-HP, la médecine et la France, confie le Dr Delépine au « Quotidien ». Depuis plusieurs années, l’étau se resserre sur nous, au fur et à mesure qu’augmente l’obligation faite aux médecins d’agir comme des robots obéissants et de soumettre des enfants à des essais thérapeutiques. »
Pour anticiper son départ, le médecin dit avoir proposé cinq remplaçants à son chef de pôle. « Aucun n’a été embauché. »
Martin Hirsch : « Nous assurerons la continuité des soins »
L’AP-HP justifie sa décision pour des « considérations purement médicales ». « Si des associations et des familles ont marqué leur attachement aux conditions dans lesquelles ses patients sont pris en charge dans cette unité, pour des raisons que l’AP-HP respecte, il s’avère que l’unité prend en charge des adultes alors qu’elle n’en a pas l’autorisation », indiquait déjà le CHU en avril dernier. L’établissement estime également que « les recommandations de bonne pratique ne sont pas respectées » par le service.
« Pour les parents concernés, nous assurerons la continuité des soins »,« même lorsque les protocoles appliqués à ces enfants ne sont pas des protocoles standards », a précisé vendredi Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP.
Au nom du respect de la liberté de choix thérapeutique, les grévistes souhaitent un engagement écrit du gouvernement sur le maintien de l’unité d’oncologie pédiatrique de Garches sous sa forme actuelle. Faute de quoi, leur grève continuera.
Anne Bayle-iniguez
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire