La maltraitance à enfant comporte des risques notables de sous ou de sur diagnostic avec des conséquences sur la morbidité et la mortalité. Devant l’histoire fournie pour expliquer des blessures, la découverte de séquelles traumatiques occultes est un argument décisif pour le diagnostic de maltraitance. De ce fait, l’Académie Américaine de Pédiatrie recommande, malgré l’irradiation, la pratique de radios complètes du squelette, à la recherche de fractures méconnues avant 2 ans. Le rendement de ces examens est moindre après cet âge. Des radios centrées sur la région d’un traumatisme suspect sont insuffisantes. Cependant, la valeur de ces examens avant 2 ans et jusqu’à 60 mois, par tranches d’âge, n’a pas fait l’objet d’une évaluation complète.
Dans le cadre d’un réseau de recherche sur la maltraitance, une enquête a été réalisée aux USA, qui a réuni pendant 1 an les séries de 20 centres de référence spécialisés, en incluant tous les enfants de moins de 60 mois. L’analyse a été faite par tranches d’âge de 6 mois. Toutes les données cliniques ont été collectées avant les radios et transmises au moment du signalement.
Le réseau a enregistré 2 609 sujets index et 2 036 (78 %) ont subi un examen radiologique dont 1 750 de moins de 24 mois (88,6 % des enfants) et 286 de 24-60 mois (14,1 %). Après exclusion des dossiers de 8 enfants pour erreur de diagnostic radiologique, de nouvelles fractures ont été identifiées pour 458 (17,5 %) des enfants. Des fractures multiples ont été vues chez 263 d’entre eux (57,4 %). Les fractures des os longs ont été observées dans toutes les tranches d’âge ; les fractures du crâne et les lésions métaphysaires classiques étaient presque exclusivement le fait des nourrissons. Pour tous les groupes d’âge jusqu’à 36 mois, des radios du squelette ont été pratiquées pour plus de 50 % des enfants (80 % entre 12 et 24 mois, 70 % entre 24 et 30 mois, 60 % entre 30 et 36 mois) puis moins de 35 % à partir de 36 mois. Cependant, le pourcentage de fractures diagnostiquées rapporté au nombre de radios pratiquées est resté relativement élevé : 12 % de 12 à 24 mois (intervalle de confiance à 95 % [IC] 9,2-15,3), 10,3 % de 24 à 36 mois (IC 7,2-14,2), plus de 15 % entre 36 et 48 mois. De surcroît, les fractures identifiées étaient fréquemment à la fois aiguës et anciennes. Parmi les 1 975 enfants de moins de 2 ans, 225 (11,4 %) n’ont pas eu de radios et après exclusion de ceux pour lesquels l’histoire et l’examen n’étaient pas en faveur d’une maltraitance, 81 (4,1 %) auraient dû avoir ces examens.
En conclusion, les radios du squelette sont nécessaires pour tout enfant maltraité non seulement avant 2 ans mais aussi jusqu’à 36 mois.
Pr Jean-Jacques Baudon
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