Le colloque national de la fédération Adessadomicile s'est ouvert le 26 juin sur un exercice de prospective. La part des personnes dépendantes va doubler en 2060 et l'accent est mis depuis les années 1990 sur le maintien à domicile. Et ce, pour répondre aux attentes des personnes âgées, mais aussi parce qu'il s'agit d'une réponse moins coûteuse, rappelle Virginie Gimbert, chargée de mission au département des questions sociales du commissariat général à la stratégie et à la prospective (CGSP). Une affirmation qui doit être tempérée par la réalité de l'aide à domicile. Celle-ci "repose essentiellement sur le travail des aidants familiaux", note la chargée de mission. Des aidants qui sont pour deux tiers des aidantes.
À l'avenir cette aide informelle sera-elle toujours disponible ? "L'entourage a un rôle primordial et les travaux montrent qu'il y aura potentiellement plus d'aidants, rapporte Virginie Gimbert. Mais il y aura une probable pénurie." Une pénurie due à une moins grande disponibilité des femmes, plus présentes sur le marché du travail et une incertitude demeure concernant le rôle que pourrait tenir les hommes. Par ailleurs, les aidants seront plus âgés et les configurations familiales, plus complexes, verront l'éloignement géographique des proches. Se pose également la question de l'évolution du rapport aux valeurs. Pour Virginie Gimbert, ces projections soulignent l'importance des politiques de soutien aux aidants.
Le secteur de l'aide à domicile est aussi un vivier potentiel de création d'emplois. Il peut être à l'origine de près de 350 000 créations nettes à l'horizon 2020. "Mais cela dépend des conditions de financement, c'est un enjeu majeur en France", reprend la chargée de mission au CGSP. En 2011, le coût global de la dépendance était estimé à 34 milliards d'euros, dont 24 milliards étaient financés par la dépense publique. Selon les projections de la CNSA, en 2040, cette dépense publique devrait augmenter de 9 milliards pour prendre en charge la dépendance.
Pour améliorer la qualité de l'aide et soutenir le secteur de l'aide à domicile, le premier changement à mettre en œuvre est un financement plus important. "C'est le nerf de la guerre", lance François-Xavier Devetter, sociologue et maître de conférence en sciences économiques à l'Université Lille I. Le chercheur estime qu'il faut, pour la rémunération des professionnels, prendre en compte "la globalité des services, au-delà de la dimension horaire. Les services d'aide à domicile ne sont pas une succession d'heures". Il appelle alors à prendre en considération les heures appelées "improductives", temps de trajet, réunion ou autres formations. Des dimensions qui ne sont pas comptabilisées aujourd'hui dans la tarification horaire. La loi Autonomie va certes permettre une revalorisation de l'allocation personnalisée autonomie (Apa) mais pour François-Xavier Devetter, ce texte ne constitue qu'un "tout petit pas en avant par rapport aux enjeux".
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