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vendredi 18 avril 2014

Les prisonniers britanniques privés de livres

LE MONDE CULTURE ET IDEES | Par 
Prison dans le Dartmoor, en Angleterre.
Le ministre de la justice britannique, Chris Grayling, vient de recevoir une avalanche de cartes postales. Rédigées par des écrivains, elles lui suggèrent des titres de livres à envoyer aux personnes incarcérées en Angleterre et au Pays de Galles. Martin Amis préconise Si c’est un homme, de Primo Levi. « C’est une évocation magistrale de quelque chose de pire que la prison : la mise en esclavage meurtrière, pour le crime d’avoir été. » Jeffrey Archer, auteur et ancien homme politique, conseille plutôt le roman d’espionnage Les 39 Marches, de John Buchan « C’est une aventure rapide, passionnante, qu’il est difficile de reposer une fois le livre commencé. » Parmi les autres suggestions, on trouve les Mémoires de Malcolm X, Moby Dick, d’Herman Melville, ou même La Grande Evasion, de Paul Brickhill.
Cette campagne de cartes postales est destinée à convaincre M. Grayling de changer sa politique. Depuis novembre 2013, les prisonniers anglais et gallois (l’Ecosse est placée sous un autre régime) sont en effet privés de livres.
Afin de restreindre le nombre de colis que les prisonniers reçoivent de leurs proches, de nouvelles règles ont été mises en place : les familles ne peuvent envoyer qu’un seul paquet, au début de la période d’emprisonnement. Seules des circonstances exceptionnelles peuvent autoriser un second envoi. Le but est d’éviter que de la drogue ou des armes soient introduites dans les prisons. Mais les conséquences involontaires sont là : une fois le premier colis parti, les familles ne peuvent plus envoyer de livres aux prisonniers.
« LIRE VA DE PAIR AVEC LA RÉHABILITATION »
L’association Howard League for Penal Reform, qui milite pour une réforme des prisons, mène campagne contre ces nouvelles règles. « Lire va de pair avec l’éducation, la réhabilitation, l’humanité. Nous devons tout faire pour encourager la lecture et ne pas restreindre l’accès des prisonniers aux livres », affirme-t-elle. M. Grayling réplique que les prisons ont des bibliothèques et que les détenus peuvent commander des livres sur Amazon.« D’énormes efforts sont faits par les dealers et ceux qui essaient d’introduire des téléphones portables pour contourner les mesures de sécurité que nous prenons, fait valoir le ministre.L’arrivée de milliers de colis d’origine inconnue dans les prisons chaque jour, qu’ils contiennent des livres ou autre chose, détruirait l’effet des mesures. Il serait logistiquement impossible de tous les vérifier. »
Frances Crook, directrice de la Howard League, réplique que le système de vérification des colis qui était en place avant novembre 2013 fonctionnait sans problème. Elle souligne aussi que les bibliothèques des prisons sont de moins en moins bien fournies en raison de coupes budgétaires. Et ajoute que les prisonniers, qui n’ont quasiment pas d’argent, ne peuvent commander des livres sur Internet : ceux qui travaillent gagnent à peine une dizaine d’euros par semaine. Elle rappelle enfin que l’argument de la drogue n’avait pas été évoqué lorsque M. Grayling a décidé de restreindre les colis.

A l’époque, l’idée était de renforcer le régime des « récompenses » mis en place dans les prisons : un détenu dont le comportement est considéré comme « bon » peut, par exemple, bénéficier d’un accès facilité à la gymnastique ou porter d’autres vêtements que ceux distribués par l’administration. Les colis envoyés par les familles mettaient à mal ce système en faisant parvenir des choses qu’un prisonnier aurait eu du mal à « gagner » en interne. Les livres n’avaient apparemment pas été pris en compte dans ce programme…

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