Quel boursicoteur, averti ou non, ne s'est pas un jour demandé pourquoi il n'avait pas acheté telle ou telle action avant que la valeur ne double ? Quel autre défend mordicus que son investissement, malgré sa chute en Bourse, sera un jour payant ?
Ces questions, et bien d'autres, relèvent de travers comportementaux, cognitifs ou émotionnels, qui sont largement partagés. C'est pour mieux les comprendre et les vaincre que s'est développée la finance comportementale. Son objectif est simple : analyser les comportements des investisseurs, mettre au jour les biais les plus fréquents et tenter de les modéliser pour les exploiter.
Encore embryonnaire – les premières études datent des années 70 –, elle est de plus en plus en vogue dans l'univers de la gestion financière et bat en brèche le sacro-saint concept de « l'efficience des marchés ». Si les enseignements de cette finance comportementale ne permettent pas encore d'apporter la richesse éternelle, ils peuvent éviter de commettre bien des erreurs.
PSYCHOLOGIE DES JOUEURS
Les recherches dans ce domaine font, en effet, apparaître plusieurs travers qui pénalisent les choix financiers, et que l'on retrouve pour la plupart dans la psychologie des joueurs.
Le « biais de confirmation », par exemple, conduit à ne privilégier que les informations qui vont dans le sens des décisions que vous avez déjà prises, afin de ne pas créer un sentiment d'insécurité. « Les individus recherchent expressément des informations qui appuient leurs opinions et leurs actions, et évitent scrupuleusement d'être confrontés à des informations contraires », écrit Mickaël Mangot, dans Psychologie de l'investisseur et des marchés financiers (Dunod, épuisé), un ouvrage de référence dans ce domaine.
Il cite comme exemple l'achat d'une voiture : après l'acquisition d'un nouveau véhicule, vous ne prêtez plus attention aux publicités concernant les modèles concurrents, afin de ne pas remettre en cause votre choix.
C'est ce même biais qui pousse à surestimer les performances d'un marché pour se rassurer d'avoir misé sur lui, ou la difficulté à acheter en Bourse une action sur laquelle vous avez déjà perdu, même si la situation de l'entreprise s'est depuis redressée.
COMPORTEMENTS MOUTONNIERS
Le « biais de représentativité » conduit lui à penser que les événements du passé récent vont se reproduire dans un futur proche et empêche de prendre une décision adaptée à la situation du moment.
Les comportements moutonniers sont aussi courants : « les individus ne prennent pas leurs décisions avec toutes les informations nécessaires. Ils se rabattent sur des critères de sélection simplifiés et suivent les effets de mode, notamment en raison de la peur de se tromper », observe Daniel Haguet, professeur de finance à l'Ecole des hautes études commerciales. C'est ainsi que les particuliers réinvestissent en Bourse, quand les actions ont déjà beaucoup monté… et juste avant qu'elles ne se remettent à baisser.
De la même manière, le « biais de familiarité » inciterait les investisseurs à miser dans les actions du supermarché où ils font leurs courses ou dans le fabricant de leur voiture, car ils surestiment leur potentiel de progression.
Autant de travers qui influent régulièrement sur le jugement des investisseurs et dont il faut tenter de s'affranchir.
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