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lundi 24 février 2014

La musique adoucit les maux

LE MONDE SCIENCE ET TECHNO | 
Tous les vendredis après-midi, des musiciens de l’association Musique & santé se rendent dans le service de cancérologie de l’enfant et de l’adolescent à l’Institut Gustave-Roussy, à Villejuif (Val-de-Marne), « pour que la vie continue à l’hôpital »« Les artistes sont dans un échange, on joue dans les couloirs, on déambule, on va au chevet des enfants alités, parfois en chambre stérile. C’est de la “musique adressée” », aime à dire Philippe Bouteloup, directeur de Musique & santé, créée il y a quinze ans. En d’autres termes, rien de commun avec un musicien en concert. Il est là dans l’échange direct.
Des ateliers de « musique et voix chantée » ont démarré en 1990 dans le service de néonatalogie de Yannick Aujard, à l’hôpital Robert-Debré, à Paris. La voix est l’un des premiers liens du bébé prématuré avec ses parents. La musique et le chant permettent d’atténuer la froideur des lieux, le bruit des machines. Souvent, le rythme cardiaque du bébé s’apaise, ses mains s’ouvrent, ses yeux aussi parfois.

La musique est entrée dans les établissements de soins. 23 % des 9 000 activités artistiques et culturelles proposées dans les 37 hôpitaux de l’AP-HP sont musicales, a expliqué Hubert Joseph-Antoine, directeur du service aux patients à l’AP-HP, mardi 11 février, lors du colloque organisé par Sacem Université sur ce thème.
Dans les services de psychiatrie, « la musicothérapie a beaucoup essaimé. Elle y est aujourd’hui relativement commune », résume le professeur Olivier Bonnot, professeur de psychiatrie au CHU de Nantes, qui en est un militant acharné. Elle vise à accompagner le malade, à être un vecteur. Ainsi, dans l’autisme infantile, elle permet d’engager une relation avec l’enfant. En réveillant les zones émotionnelles, il peut être possible de sortir des patients des troubles dans lesquels ils sont. Les souvenirs douloureux du séjour hospitalier peuvent être atténués.
« DEMANDE EXPONENTIELLE »
Des recherches sont menées au CHU de Nantes pour valider l’efficacité de ces thérapies en comparant un groupe d’enfants autistes qui ne parlent pas, un autre d’enfants qui écoutent de la musique sans thérapeute, et un dernier groupe qui bénéficie d’une prise en charge par un musicothérapeute, explique le professeur Bonnot. « La demande est exponentielle », souligne Laurent Lebouteiller, responsable du Centre de ressources régional handicap musique & danse, qui dépend du conservatoire régional de Caen, ouvert il y a quatre ans. De même, Musique & santé forme artistes et soignants à cette approche orientée vers le handicap.
Ce qu’on appelle la « grande musique » (classique) n’est pas forcément la plus efficace. Il faut trouver une mélodie qui plaît, qui « parle ». « Une bonne compétence musicale est nécessaire pour trouver, dans les différents styles de musique, les caractéristiques les plus appropriées aux troubles sur lesquels ils interviennent. Les musiques du monde offrent de très nombreuses perspectives », souligne le chercheur Emmanuel Bigand.

Un bémol… Les réticences sont parfois fortes de la part des institutions, et les problèmes de budget sont récurrents. Ce sont souvent les associations qui financent.

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