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jeudi 27 février 2014

35 heures à l’hôpital : au Sénat, Touraine minimise les ravages face à la droite critique

28/02/2014

Douze ans après leur mise en place, quel bilan dresser des 35 heures à l’hôpital ? Le sénateur centriste Jean Arthuis a organisé un débat parlementaire sur le sujet. Droite et gauche continuent de camper sur des positions inconciliables.
Aline Archimbaud, sénatrice écologiste (EELV), reconnaît les graves difficultés de mise en place, et tente de pacifier le propos :« Inutile de se rejeter la faute ». Message peu entendu par la droite, montée au créneau pour dénoncer l’irresponsabilité de la gauche.
Gérard Larcher (UMP) présidait la Fédération hospitalière de France lorsque Martine Aubry a lancé la réforme. Son jugement est sévère. Entre 2002 et 2012, il rappelle que les médecins hospitaliers ont accumulé 2 millions d’heures supplémentaires. L’addition, réglée en 2012, a coûté 600 millions d’euros aux hôpitaux. L’affaire n’est pas réglée puisque le stock se reconstitue.

Larcher réclame une révision du temps de travail

« On a affaibli l’hôpital de manière extrêmement forte », tance Gérard Larcher. « On a mis en péril la continuité des soins », insiste-t-il, fustigeant au passage le recours coûteux à l’intérim. Et l’ancien président du Sénat de réclamer un choc de simplification de la réglementation du temps de travail. Des mots clés sont lâchés : autonomie des acteurs, assouplissement, nouveau statut pour l’hôpital.
Sur le banc, à quelques mètres de lui, se tient Marisol Touraine, droite comme un I. À la tribune, Gérard Larcher se fait sentencieux : « ll va falloir revoir l’organisation de l’hôpital. Cela passe par la révision du temps de travail. Sinon les réveils seront douloureux, et cela se fera sur le dos de la santé des Français ».

Des milliers d’embauches, mais pas autant que prévu

Lui succède Jean-Marie Bockel (UDI-UC), qui pour qualifier les 35 heures à l’hôpital, lâche aussi les grands mots : boulet au pied, fil à la patte, handicap... « La RTT a été un outil de création d’emplois dans le secteur public et parapublic », résume Bockel, avant de déplorer l’impréparation des pouvoirs publics, et l’absence de relèvement dunumerus clausus. Jospin a confié que cela avait été son seul regret, rappelle le sénateur centriste, qui interpelle à son tour la ministre de la Santé : « J’espère que vos réponses seront tournées vers l’avenir, et non vers le passé ».
La communiste Laurence Cohen (CRC), sans transition aucune, appelle le gouvernement à taxer davantage les profits, à embaucher largement aux urgences et dans les services à flux tendu, et à mettre un terme aux journées de 12 heures adoptées par certains hôpitaux. « Il faut du courage politique », lance la sénatrice à ses collègues pas vraiment convaincus.
L’UMP reprend la main, par la voix de René-Paul Savary : « Les 35 heures n’ont pas amélioré les conditions de travail. Il n’y a qu’à voir l’absentéisme à l’hôpital. Notre modèle social arrive à bout de souffle ».

Touraine prête à revoir les conditions de travail, pas à supprimer les 35 heures

Marisol Touraine monte à la tribune, ses fiches dans la main. La normalienne admet que les 35 heures ont bousculé l’organisation des hôpitaux. Sans pour autant démotiver le personnel, ajoute-t-elle. Relever le numerus clausus ? À quoi bon : « Le sujet ce n’est pas le nombre, mais la répartition des médecins ». Et de lever toute ambiguïté pour l’avenir : « Je ne crois pas que ce soit par la suppression ou la remise en cause des 35 heures que nous aboutirons à la maîtrise des dépenses publiques. (...) La RTT doit être poursuivie par une amélioration de la qualité de vie au travail ».
Les conditions de travail à l’hôpital font l’objet d’une négociation en cours. Pas d’abandon des 35 heures en vue, donc, qui ont été, conclut Marisol Touraine, « une avancée sociale importante ».
Delphine Chardon

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