DESSIN
Un hommage au travail réalisé dans la prison Saint-Paul de Lyon.
Cela fait plus de quarante ans qu’Ernest Pignon-Ernest colle ses grands dessins baroques et éphémères sur les murs des cités du monde entier. Désaffectée depuis 2009, la prison Saint-Paul, à Lyon, a «ouvert» ses portes en septembre 2012 à Ernest Pignon-Ernest et à d’autres artistes (Georges Rousse…) pour une dernière intervention avant démolition. Les travaux que l’artiste présente à la galerie Lelong, Prisons, sont une trace de ce travail.
C’est à Saint-Paul qu’a sévi Klaus Barbie et que furent emprisonnés Jean Moulin et Raymond Aubrac. «Dans la première cour, une vieille plaque, cassée, délavée, indique que quatre résistants sont tombés sous les balles nazies. En réalité, ils furent arrêtés puis guillotinés par la police de Vichy. C’est cet événement qui m’a convaincu de participer à l’opération», explique Ernest Pignon-Ernest. C’est à ces hommes qu’il veut rendre hommage, sans chercher à les représenter. Il s’agit de les rendre présents dans ces murs. «L’œuvre, ce n’est pas le dessin, mais ce qu’il provoque dans le lieu», souligne l’artiste.
Si une galerie n’offre pas la force du lieu d’origine, elle permet aux visiteurs de découvrir les magnifiques dessins préparatoires des 300 œuvres glissées un peu partout dans la prison. Dans la première salle, des portraits d’hommes et femmes torturés ou exécutés, dénués de pathos. Dans l’autre, la série des «yo-yo», ces bouteilles en plastique que les taulards utilisaient pour s’envoyer des messages. Et, surtout, ces grands drapés, dans la tradition de la renaissance italienne, qui semblent recouvrir l’image de la mort.
Prisons Galerie Lelong, 13, rue de Téhéran, 75008. Jusqu’au 29 mars. Et Maison des arts de Malakoff (autres travaux), jusqu’au 30 mars.
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