L’Intersyndicat national des internes (ISNI) rend publics ce mercredi les résultats d’une enquête nationale qui révèle l’hétérogénéité de la qualité de la formation des futurs médecins.
Plus de 5 600 internes (sur les 19 000 actuellement engagés dans le 3e cycle des études médicales dans les 28 villes de facultés de France) ont répondu par voie électronique au questionnaire diffusé par le syndicat entre juillet et octobre 2013. Six mois d’analyse ont été nécessaires pour établir ce premier classement de la qualité de la formation.
Les internes, majoritairement en CHU et en CHG, ont exprimé leur niveau de satisfaction sur plusieurs critères : la qualité des enseignements, leur organisation, leur niveau scientifique, l’adaptation des cours à leur exercice futur mais aussi la possibilité qu’ils ont ou non de suivre chaque semaine les deux demi-journées de formation universitaire obligatoires.
Lille au top, Marseille fait un flop
Sur la base de ces réponses déclaratives, l’ISNI a établi le palmarès des villes qui « forment le mieux les internes ». Lille arrive en tête devantAngers, Nantes, Paris (toutes facultés confondues) et Toulouse. En queue de peloton, on retrouve Limoges, Nice, Caen et les Antilles-Guyane. Marseille ferme la marche, recueillant par ailleurs le plus fort taux d’étudiants insatisfaits de leur formation (83,4 %).
Cette enquête permet également de classer les spécialités selon la qualité de leur enseignement : la médecine du travail, l’anesthésie-réanimation,l’anatomo-pathologie, la médecine nucléaire et la psychiatrie.
Ce classement montre que les internes engagés dans ces disciplines dont certaines sont choisies en dernier recours par les étudiants (médecine du travail, psychiatrie) sont plutôt satisfaits de leur sort.
A contrario, certaines spécialités figurant pourtant parmi les premiers choix des internes à l’issue des épreuves classantes nationales, ont de l’avis des internes une moins bonne formation théorique. C’est le cas de la neurologie, la cardiologie, la chirurgie, la dermatologie, la gastroentérologie et la neurochirurgie.
Seule la moitié des internes ont la possibilité de consacrer deux demi-journées chaque semaine à la formation universitaire. En moyenne, 18 demi-journées par semestre sont prises par les internes sur 54. Un tiers des futurs médecins qui n’ont pas participé à ces formations n’étaient pas autorisés à s’absenter de l’hôpital !
D’autres facteurs expliquent cet absentéisme : la méconnaissance des dates des enseignements (25 %), l’impossibilité financière de se rendre à ces enseignements (20 %) ou un choix de l’interne, estimant ces cours inintéressants (20 %).
DU, DIU et masters à gogo
Preuve d’un certain malaise, les internes ont de plus en plus recours à des formations complémentaires « pour pallier leur cursus médical initial insuffisant ». Ils sont un sur deux à suivre un diplôme universitaire (DU-DIU), un master ou des réunions de sociétés savantes. Les futurs médecins sont même 20 % à juger ces enseignements complémentaires indispensables pour valider leur formation.
« Les internes dépensent au minimum 1 150 euros par an pour leur formation théorique obligatoire (DES + doctorat + master...) qu’ils financent majoritairement eux-mêmes », affirme l’ISNI, les laboratoires ayant dorénavant l’interdiction de les prendre en charge.
Les internes souhaitent remettre les conclusions de leur enquête à Geneviève Fioraso. L’ISNI veut à cette occasion formuler à la ministre de l’Enseignement supérieur des propositions pour garantir une formation de qualité à l’ensemble des internes sur l’ensemble du territoire et quelle que soit leur spécialité.
Christophe Gattuso
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